Posted in Vie de Campus
10 septembre 2018

Typologie d’un stage de PMY

Alors que les PMY découvrent avec une joie enfantine la business school la plus européenne d’Europe, les tout nouveaux M1 regagnent pour leur part les bancs de l’école avec une lueur différente dans les yeux : cet été fut marquant pour beaucoup. Grâce aux nombreux Spritz sirotés en bord de plage au mois d’août ? Que nenni ! Encore PMY il y a peu, ils ont fait leur entrée dans le monde du travail il y a quelques mois et sont maintenant presque des grands.

Debrief.

Le stage de 7 semaines et 4 jours ou comment se faire exploiter : jeune et naïf prémaster attendant les vacances d’été comme le Graal – il est vrai que cette année de dur labeur a été éprouvante – tu n’as pas hésité à signer pour le stage le plus court possible. Quelle ne fut pas ta surprise lorsque tu as compris que derrière cette promesse de vacances aussi longues que la queue de la cantine un lundi à 11h30, se cachait un salaire égal à zéro. Adieu afterworks sur des rooftops hors de prix et week-ends à la mer, ce stage aura participé à creuser le trou de ton découvert. Tu as néanmoins pu savourer le pouvoir de narguer tes potes encore au bureau quand, dès fin juin, tu leur as envoyé des tonnes de snaps au bord de la piscine. Entre argent et plaisir, il faut parfois savoir choisir.

Le stage en start up ou l’esclavage moderne : tu rêvais d’être disruptif et innovateur, l’idée de participer à une grande aventure entrepreneuriale faisait battre ton cœur un peu plus vite ? Bercé de ces douces illusions, tu t’es engagé sans hésiter à devenir pour quelques mois bras droit du CEO – manager multifonctions – bizdev tout terrain, grisé à l’idée d’endosser des responsabilités en si peu de temps. Tu as rapidement compris que sous couvert de babyfoot, tutoiement généralisé et autres animations corpo, ta proactivité se mesurerait surtout au nombre d’heures effectuées, avec une préférence pour les 45 à 50h par semaine. Tu jongles entre brainstos, meetings et side projects, et struggle à caler ce call ultra important dans ta to do surchargée. Ta rémunération ne dépassant pas le minimum légal, tu maintiens que cela est largement compensé par “l’incroyable aventure humaine” que tu as vécu ces quelques mois. Exploité certes, mais tous en chœur : après de longues semaines d’exploitation sauvage, tu quittes ta start up la larme à l’œil, et ton cœur se serre en abandonnant ta team si bien teambuildée.

Le stage en m&a ou le piston à l’état pur : Ça y est. Si ambitieux et pourtant si jeune, tu l’as fait. Tu as décroché ton stage en m&a, d’une durée de 8 semaines et payé plus d’un SMIC. Tu es fier de dire que ce n’est pas grâce à ton papa et que tu as passé un entretien et envoyé une lettre de motivation pour te faire engager. Etrangement tu gardes pour toi le fait que le PDG possède le chalet voisin du tien à Méribel, on ne sait jamais, les gens pourraient douter de ta légitimité. Te voilà donc à prendre le métro tous les matins en costume cravate parmi la plèbe transpirante, te jurant que tu pourrais te permettre des uber quotidiens dès ton premier CDI. Si tu te sens au sommet de l’échelle sociale dans les transports en communs, tu déchantes vite arrivé dans ta prison dorée. Larbin parmi les larbins, tu as pour mission de photocopier, apporter du café, photocopier et encore photocopier. Fort des compétences acquises au cours de cette première expérience dans le monde du travail, tu trépignes à l’idée de les mettre en œuvre à l’ESCP Europe Library dès le mois de septembre. D’autres larbins plus chanceux ont eut l’honneur de pouvoir passer des journées de 12h sur Excel avec en prime des devoirs à faire le week-end pour le Monday Meeting à 9h pétantes. Dégoûté par l’absence de vie sociale de tes supérieurs et en même temps énivré par leurs salaires mirobolants, tu as traversé cet été une crise existentielle te faisant hésiter à te reconvertir en prof de surf à Hossegor.

Le stage en fonction publique ou la découverte de l’art de ne rien faire : travailler pour l’intérêt général et mettre tes compétences au service de ton pays te semblaient indispensables pour trouver du sens dans son activité professionnelle. Et puis il y a eu ce stage. Ce stage où l’oisiveté t’as donné l’envie de travailler comme jamais cela ne t’était arrivé, même à deux jours des maths HEC. Les 35h et pas une de plus qui t’avaient parues si complaisantes le premier jour sont vite devenues des heures d’ennui. Entre pauses café toute la matinée et urgence impérative de ton boss d’aller faire les soldes avant la pause déjeuner, tu t’es mis à rêver de ces jours de prépa maintenant si lointains où le travail était de mise à toute heure de la journée. Sorti du bureau à 18h, épuisé d’avoir passé tes deux dernières heures à perfectionner ton niveau au solitaire, tu tournes en rond en attendant que tes amis du secteur privé soient libérés selon le bon vouloir de leur patron. Avantage de ton inoccupation professionnelle, tu vas à la salle de sport tous les jours pour prolonger d’une heure ta pause déjeuner car aucun de tes collègues cgtistes n’oserait entraver ta liberté individuelle et t’interdire de prendre soin de toi. A l’heure de quitter ce doux cocon éloigné de toute forme de stress, tu as la joie de faire encore des nouvelles rencontres, dans la mesure où nombre de tes collègues étaient en arrêt maladie durant tout ton stage. Malgré tout tu es heureux de pouvoir écrire « ministère » ou « ambassade » sur ton CV, tout sera dans l’art de revendre ton périple au prochain entretien.

Le voyage humanitaire ou la survalorisation des soft skills : s’enfermer pendant deux mois au moins dans des bureaux parisiens ? Très peu pour toi. Aventurier au grand cœur, tu préfères t’envoler à l’autre bout du monde pour faire profiter des Népalais défavorisés de tes compétences en menuiserie. Avantage certain de cette activité estivale : l’éradication de ce satané bide à bière sournoisement apparu en cours d’année, à coup de dalh bat et transit intestinal accéléré. Pour les accros aux réseaux sociaux, pas de panique ! Partir en voyage humanitaire ne signifie pas abandonner sa communauté de followers, au contraire : pour quelques jours sans wifi ni 4G, vous gagnerez une foule d’abonnés autochtones assidus et investis qui n’hésiteront pas à liker et commenter toutes vos photos voire à ajouter sur Facebook tous vos amis parisiens avec qui vous acceptez de partager votre célébrité nouvelle – sharing is your new moto. Au delà de ces aspects très matériels, nous savons que nos Mohammed Yunus en herbe sont revenus transformés de cette expérience et, du fond de notre open space de stagiaire, les envions un petit peu. Alors faisons taire les rageux égoïstes qui les accusent de vouloir uniquement humaniser leur CV, bien que cette ligne sera assurément très jolie face aux recruteurs, entre option Excel VBA et spécialisation finance.

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