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9 février 2023

La réforme des retraites au coeur du débat

“La retraite faut surtout la prendre vivant, c’est pas dans les moyens de tout le monde”, Les Barbouzes, 1964, Robert Dalban et André Weber

On entend parler depuis des mois de la réforme des retraites et depuis plusieurs semaines des manifestations nationales ont lieu. Mais alors de quoi s’agit-il vraiment? Streams va tenter de t’expliquer simplement les points clés de cette réforme. 

Tout d’abord, il faut comprendre le contexte de cette réforme. Depuis 2017, Emmanuel Macron a souligné sa volonté de réformer le système actuel des retraites, notamment avec une augmentation de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. On parlait alors de la fameuse “réforme par points”. Néanmoins, la crise Covid a mis un stop provisoire à ce projet. Mais les difficultés n’ont, elles, pas cessé pour autant. En effet, selon le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites, “le système de retraite serait en moyenne déficitaire sur les 25 prochaines années”, en raison de “l’inéluctable vieillissement de la population”. “Pour chaque Français de 65 ans et plus, on en dénombre actuellement 2,6 âgés de 20 à 64 ans ; ils ne seront plus que 2,25 en 2030, moins de 2 en 2040”. Ainsi, Emmanuel Macron a remis sur le devant de la scène la question des retraites en 2022. 

Qu’en est-il alors de cette réforme concrètement?

Il existe plusieurs façons de réformer le système des retraites. Soit on décide de diminuer les pensions soit on décide d’augmenter les cotisations, pour résumer simplement (on vous a promis une explication simple!). Le gouvernement actuel refuse justement de faire ni l’un, ni l’autre. La solution privilégiée par le gouvernement tient en trois mots : travailler plus longtemps. 

Le principe est assez simple: en travaillant plus longtemps, les français passeront plus de temps à cotiser, et moins à toucher leur pension, ce qui mécaniquement entraîne une économie des finances publiques. 

L’objectif est donc double. D’une part, soulager le système économique des retraites en contenant les dépenses. D’autre part, garantir un équilibre social. En effet, Elisabeth Borne a soutenu au Conseil des ministres le 23 Janvier qu’il s’agissait d’un “projet d’équilibre” et que le gouvernement refusait “d’augmenter les impôts ou de baisser les pensions, le seul chemin possible c’est donc de travailler progressivement plus longtemps”

Les points clés de cette réforme

  1. L’âge légal de départ à la retraite est repoussé de 62 ans à 64 ans. Le gouvernement a insisté sur le fait que l’allongement de la durée des carrières devra être progressif jusqu’en 2031. Concrètement, cela signifie qu’il faudra travailler plus longtemps pour toucher sa retraite à taux plein. En pratique, à partir de septembre 2023 et de la génération née en 1961, la date de départ va progressivement prendre 3 mois par classe d’âge pour atteindre 64 ans en 2031. 
  2. Accélérer l’allongement de la durée de cotisations à 43 ans dès 2027. Cela signifie qu’il faudra avoir travaillé et cotisé pendant 43 ans dès 2027 pour toucher sa retraite à taux plein. En réalité, il ne s’agit pas ici d’un changement radical mais d’une accélération. En effet, depuis la loi dite “Touraine” de 2014, l’objectif des 43 ans était fixé en 2035. Ainsi, le gouvernement souhaite atteindre cette cible plus rapidement. 
  3. Mécanisme universel avec quelques exceptions toutefois. En effet, des régimes spéciaux sont conservés pour certaines professions. Par exemple, pour les carrières longues, les personnes qui ont commencé à travailler entre 14 ans et 16 ans pourront partir à la retraite à 58 ans, et à 60 ans pour ceux dont la carrière a débuté à 16 ans. 
  4. “La clause du grand-père”. Il s’agit d’une disposition limitant l’application des nouvelles règles aux nouveaux entrants dans le système réformé. Concrètement, pour les carrières dites “pénibles” ou certains systèmes spéciaux, les mesures ne seront applicables qu’aux nouveaux embauchés. 
  5. Valorisation des “petites retraites”. Les petites pensions vont être augmentées, avec la promesse d’une retraite minimale à 85% du Smic pour une carrière complète.

Les critiques

Le report de l’âge de départ en retraite est LE point de crispation. Aujourd’hui, la majorité des français peuvent partir en retraite à 62 ans. Selon Oxfam, cette mesure va aggraver les inégalités. “A l’âge actuel de la retraite, 1/4 des hommes les plus pauvres sont déjà morts, contre 6% des plus riches. Avec un âge légal de départ à 64 ans, 1/3 des plus pauvres seront déjà morts”.

D’autre part, l’écart entre hommes et femmes va se creuser, car aujourd’hui les femmes cotisent en moyenne moins longtemps que les hommes et vont donc avoir besoin de plus de temps pour accumuler tous leurs trimestres. En effet, aujourd’hui, les pensions de droit direct des femmes sont inférieures de 40% à celles des hommes. Cela s’explique à la fois par des salaires inférieurs à ceux des hommes, une forte part de métiers à temps partiel et par des carrières plus souvent hachées par le soin non-rémunéré, notamment auprès des enfants. Ainsi, allonger la durée de cotisation pénalisera probablement davantage les femmes.

Enfin, la réforme risque d’aggraver les inégalités entre les actifs et ceux déjà à la retraite. En effet, cette réforme ne touche pas les personnes retraitées, cela signifie que ces personnes ne sont pas mises à contribution pour assurer la pérennité du système. Une des raisons à cela est la volonté du gouvernement de ne pas toucher aux pensions. Mais les critiques soulèvent une autre raison : celle de satisfaire un foyer électoral puissant. 

Comparaison avec nos voisins européens

La tendance générale en Europe est au repoussement de l’âge légal de départ à la retraite. Il faut souligner que la France a un âge de départ en retraite inférieur à la moyenne puisqu’à l’échelle de l’Union Européenne il est de 65 ans ou plus.  

Ainsi, tous les pays sont confrontés au même défi : le vieillissement de la population qui entraîne de fortes dépenses publiques pour les retraites. 

En conclusion, certes cette réforme a fait couler beaucoup d’encre, mais il demeure que la France n’est pas le pays le plus mal loti en Europe. 


On peut légitimement se demander s’il faut se révolter ou accepter un sort peut-être inéluctable à long terme… 

Article rédigé par Céline, membre de Streams.

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