6 septembre 2018

Less and less topless

“Couvrez ce sein, que je ne saurais voir”

Symbole de la libération de la femme dans les années 60 où il apparaît, pratique usuelle et banalisée dans les années 80 face au culte du corps bronzé, le topless semblerait être tombé en désuétude aujourd’hui.  Selon une étude de l’IFOP, le nombre de femmes françaises pratiquant le monokini au bord de la mer a baissé de moitié en l’espace de trente ans, de quoi en décevoir plus d’un. Pourquoi la femme du 21e siècle qui se dévoile de plus en plus sur Instagram tend au contraire à se rhabiller sur la plage ?

Pionnières en matière de topless, les françaises s’affichent dès 1964 sur les plages de Côte-d’Azur sans leur haut de maillot avec comme icône Brigitte Bardot. A cette époque, ce n’est pas pour dorer leur poitrine qu’elles agissent ainsi mais davantage pour affirmer leur émancipation de la tutelle masculine et leur droit à disposer pleinement de leur corps. La nudité se démocratise et investit l’espace public par le biais de la publicité, comme sur cette affiche emblématique d’Avenir.

 

 

 

 

« Sea, Sex and Sun, le soleil au zénith » chante Gainsbourg en 1977, annonçant l’euphorie des vingt années à venir pour l’exposition intensive au soleil. La consommation de monoï  explose et les cabines à UV permettant de garder son teint hâlé toute l’année connaissent un succès fulgurant. Solution pour optimiser son bronzage, le topless est à son apogée et la culotte s’amincit même pour devenir tanga.

“Le propre des apothéoses est, hélas, de déboucher sur le déclin”. Le topless ne fait pas exception à cette règle de Roger Martin puisque, dès les années 2000, il s’efface progressivement en France. Pourtant, cette tendance a suivi des chemins très différents en fonction des pays. Selon des chiffres de l’IFOP, plus de 40% des allemandes pratiquent encore le topless sur la plage l’été,  en tant que pays aux racines protestantes où la nature est traditionnellement mythifiée, contre seulement 11% pour les américaines qui afficheraient une plus grande pudeur du fait du poids encore conséquent des traditions religieuses dans certains états. Les françaises, quant à elles, se situent dans un entre-deux avec 29%.

Selon des chiffres de l’IFOP, plus de 40% des allemandes pratiquent encore le topless sur la plage l’été,  en tant que pays aux racines protestantes où la nature est traditionnellement mythifiée

Mais alors pourquoi la profusion de poitrines dénudées a-t-elle décliné en France ?  Les femmes considèrent-elles avoir déjà fait leurs preuves en achevant leur émancipation physique ? La pudeur renaît-elle du fait des canons esthétiques véhiculés massivement sur Instagram produisant une génération complexée qui considère que si des seins ne sont pas irréprochables, ils ne doivent pas être exposés sur la plage ? La sonnette d’alarme tirée par les dermatologues a-t-elle marqué les consciences ? Ou encore, la phobie des smartphones susceptibles de surgir à chaque coin de rue pour prendre un cliché joue-t-elle à l’encontre de l’exposition des corps ?

Quoi qu’il en soit, rassurons-nous, la même tendance est suivie par les hommes qui ne cessent de rajouter des centimètres à leurs maillots de bain. Eux ont toujours pratiqué le topless, certes. Mais alors que dans les années 1950, la mode était au fameux « moule-tout », les années 1980 voient apparaître le maillot short mi-cuisse, qui se prolonge dans les années 2000 jusqu’au haut du genou. Il est donc temps d’arrêter de jeter la pierre sur les 2000 et les nouvelles générations pseudo-dévergondées, la vraie nouveauté se trouve peut-être dans nos perceptions de plus en plus pudiques et complexées…

 

 

 

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