23 octobre 2017

Génération Pogba vs. génération Drogba. Le billet d’humeur d’Ange

Par Ange Santoni

Avec la récente retraite internationale d’Arjen Robben, un chapitre dantesque de l’histoire du football se tourne. Maints autres évènements témoignent de la fin d’une ère : Steven Gerrard nommé coach de l’Academy de Liverpool, Titi Henry adoubé sélectionneur adjoint des Diables Rouges ou encore, certainement le plus symbolique, Zizou et ses nouveaux records d’entraîneur à la Casa Merengue. A quel football disons-nous adieu ? Pleurons ensemble une génération en voie de disparition qui n’a confiance qu’en Zizou dans les arrêts de jeu.

L’évolution des campagnes publicitaires des éternels rivaux Nike et Adidas constituent les jalons de cette transition entre deux générations. Les fameux slogans “Impossible is Nothing” et “Find your greatness” s’attachent à la performance. Ce qui prime désormais est la célébration de l’individualité – ce qui se fait de mieux aujourd’hui – d’où la course aux contrats juteux avec les plus grands de ce nom. Les marques ont leur visage, et s’approprient les histoires des plus grands, à l’instar de Cristiano Ronaldo. On aurait pu se contenter des anciennes publicités se focalisant sur l’agilité des pieds de nos footballeurs préférés, pour vendre une simple paire de crampons.

Alarmons-nous cependant sur la dangerosité nietzschéenne de cette nouvelle génération. Elle réduit le grand Brésil des Pelé, Garrincha, Zico, Socrates, Romario, Cafu, et autres Ronaldinho à cette tragique demi-finale de 2014 (et à la pitoyable médaille d’or de Neymar aux JO), et célèbre une Espagne qui n’a fini par exister qu’à partir de 2008 (pardonne-leur Raul, ils ne savent pas ce qu’ils disent). Il faut dire que le football des nations est bouleversé depuis que ses enfants dorés en club sont maudits avec leur sélection. Leo a enchaîné les finales perdues, tandis que CR7 n’aurait jamais dû briller avec la Selecção das quinas si Gignac n’avait pas été sacrifié sur l’autel du poteau sortant. Ronaldo Luis Nazário de Lima est mort, vive Cristiano.

Footballeur ou sapeur ? La génération qui émerge est celle de la Sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes, une mode vestimentaire congolaise). Alors que le défrisage à la Drogba a remporté autant de succès dans les salons de coiffure que Didier de sacres à la CAN, les scarifications capillaires de Paul Labile n’ont d’égal que ses passes aveugles. De même, si ça continue, on se souviendra plus de Neymar pour ses frasques vestimentaires que pour ses futures performances contre Amiens ou Guingamp, tout comme on pardonnera à Gronaldo sa coupe de cheveux en demi-lune pour retenir uniquement ses passements de jambe démultipliés. Les nouveaux guerriers du stade se parent de leurs plus beaux ornements, tatouages, crêtes et autres consorts. Tu veux t’asseoir sur le trône ? Faudra t’asseoir sur les genoux de Beckham.

La clique des enfants terribles prend ses cliques et ses claques là où les sales gosses se prennent une claque. La couronne de King Eric n’a pas trouvé chaussure à son pied, la faim de Gennaro Gattuso qui justifiait les moyens a fini par trouver mauvais pain, et Roy Keane ne s’offre plus en sacrifice pour le moindre brin d’herbe depuis que les synthétiques fleurissent. Merci à la nouvelle racaille érigée au rang de star, qui n’a de cesse de se complaire dans sa vulgarité, affaire Zahia, sextape de Valbuena et autres Aston Martin grosse poitrine. On préférait les enfants terribles qui savaient d’où ils venaient, et surtout, savaient où ils allaient.

Totti, lui, s’est juré d’être loyal, est nouné, couronné : c’est ça d’être royal. Peut-on croire aux promesses fidèles de Florian Thauvin envers son Olympique de cœur ? Chose aisée pour Messi et CR qui voyagent avec les ballons d’or dans la soute. Pari risqué pour le jeune minot marseillais, malgré les nouvelles promesses de son club azuréen. Etre fidèle avec une femme belle et riche c’est un peu trop facile. Quand elle est laide et pauvre ça l’est un peu moins. C’est peut-être pour ça que Drogba ne reviendra jamais à l’OM comme il l’avait pourtant promis. En fait les histoires d’amour de cette nouvelle ère sont tinderéennes : brèves et passionnées. Alors on change de club comme on scroll down les matchs. Caricatures de footballeurs insatisfaits, prêts à suivre tête baissée les nouveaux lanistes de la Premier League, parmi eux le plus aguerri, The Special One ? Tout dépend si vous préférez l’Europa League au Championnat d’Angleterre …

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