ONU et Call On’U, un parallèle troublant

Par Pierre Monin


Après son soixante-dixième anniversaire se pose la question de l’utilité de l’organisation créée en 1945 pour garantir le nouvel ordre international. Aujourd’hui et depuis sa création, l’Organisation des Nations Unies a souvent été décriée. On critique principalement son manque d’efficacité et son anachronisme. Les mêmes questions se posent, étonnamment, pour l’association diplomatique de l’école : Call ON’U. Cette association qui attire de nombreux internationaux, demande à ses futurs membres une lettre de motivation en anglais ainsi qu’un entretien de trente minutes, semble à l’heure actuelle disparaître sous les plateaux sales, les cadavres de bouteilles et les rats qui ont désormais pris possession de ce qu’il ne convient guère plus d’appeler un local. Cet article est-il une ode au ménage ? En aucun cas. Il s’agit plutôt d’aborder, à partir des problèmes de Call ON’U, les problèmes plus généraux auxquels est confronté le gardien de la paix mondiale.

 

kokoDes débuts prometteurs et une évolution difficile ?

 

Ainsi, après un début porteur des plus grands espoirs, l’ONU comme Call ON’U sont confrontés à une période creuse : d’un côté, enlisement du conflit syrien, incapacité à gérer le nucléaire iranien, difficulté à réformer le Conseil de sécurité ; de l’autre, augmentation dramatique de l’insalubrité du local, prise de conscience amère des coûts du voyage – équivalents à 432 pintes au Quatter pour les seuls transports et hébergements – et enlisement du processus de recrutement de Call Enjaille, qui est à Call ON’U ce que le Conseil de Sécurité est à l’ONU. Cette première vision, quoiqu’en partie réaliste, ne résiste pourtant pas à l’examen minutieux des faits.

 

Debunk a myth : si, en fait, il se passe quand même des trucs

 

Si l’association diplomatique de l’école a quand même une certaine activité, elle n’intéresse que 1,92% de nos lecteurs et il est donc légitime de renvoyer les intéressés à cette adresse (https://www.callonu.onfaitdestrucs.eu) pour plus d’informations, cordialement, la rédaction. Ici, on va plutôt citer trois domaines dans lesquels l’action de l’ONU et son efficacité méritent d’être soulignées : les opérations de maintien de la paix, l’aide humanitaire apportées aux enfants et aux malades et le comité aux réfugiés qui reste, en dépit du manque de moyens financiers, un outil d’une importance capitale appelé à gagner en efficacité.

 

À l’heure actuelle, les opérations de maintien de la paix, au nombre de 16, concernent 18 pays et impliquent 125 498 personnes, civiles et militaires. Prenons l’exemple de la Côte d’Ivoire. Depuis 2004, la Côte d’Ivoire bénéficie de l’ONUCI, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire, chargée de rétablir la stabilité politique du pays, malmenée depuis la crise politique initiée en 2002. Secouée à nouveau par une crise politico-militaire en 2010-2011, la Côte d’Ivoire semble aujourd’hui sur la voix de l’apaisement, et ce grâce au travail de l’ONUCI. Ce dernier a permis en novembre dernier la tenue d’élections dans le calme et en respect de la Constitution du pays. Alassane Ouattara a été réélu et, même si les Nations Unies continuent d’accompagner le pays, le Conseil de sécurité a décidé de réduire encore les forces militaires de l’ONUCI d’ici mars 2016.

Précieuses dans les opérations de maintien de la paix, les Nations Unies le sont aussi dans l’immense aide humanitaire qu’elles accordent aux pays les plus vulnérables.

 

Comme se plaît à le rappeler Ban Ki Moon, le Secrétaire Général des Nations Unies, l’ONU mène constamment des opérations de secours alimentaire, des distributions de matériel scolaire et des campagnes de vaccination dans les pays les plus démunis. Prenons l’exemple du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Plus grande agence humanitaire spécialisée dans la lutte contre la faim, le PAM vient chaque année en aide à plus de 80 millions de personnes dans environ 75 pays.

L’action du PAM est aussi durable, car il organise avec les gouvernements locaux et les communautés partenaires un régime de transition afin de confier à ceux-ci la gestion des programmes de repas scolaires. Depuis 1970, 38 pays ont ainsi pris les rênes de l’ONU dans ce domaine.

 

Troisième domaine d’action essentiel : le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés. C’est peut-être le domaine qui nous concerne le plus car il porte en Europe les plus grandes attentes. Face aux nombreux demandeurs d’asiles venus sur son territoire en 2015, l’Europe ne peut se passer de l’aide du HCR. D’ailleurs, le budget de l’organisme dédié à l’Europe a plus que doublé depuis 2009 pour atteindre aujourd’hui 480,5 millions d’euros. Parmi les actions menées, on peut citer la mise en œuvre du programme régional de logement dans les Balkans. Le but est de loger plus de 74 000 réfugiés, rapatriés et déplacés internes. Le HCR pilote en Europe plusieurs programmes de ce type, mais s’occupe aussi de la prévention des décès en mer méditerranée avec la Commission Européenne, les Etats Membres, Frontex, des représentants de la société civile et d’autres partenaires institutionnels.

Au niveau mondial, c’est plus de 11 millions de personnes qui sont concernées par l’action du HCR.

 

Maintien de la paix, aide humanitaire, gestion des réfugiés sont autant de domaines dans lesquels l’ONU officie avec des succès notables, bien que perfectibles. Perfectible, l’action de Call ON’U (notre fournisseur officiel de local nous avait manqué !) l’est aussi. En témoignent les grands projets de nettoyage du local, qui, comme les projets de réforme de l’ONU, reviennent sans cesse sans jamais parvenir à se réaliser complètement. Que faire pour améliorer ces deux institutions ?

 

Les clés d’un avenir meilleur

 

À l’heure actuelle sous la menace d’une dissolution pour non respect du règlement sanitaire départemental, Call ON’U a quand même de beaux jours devant elle : quatre jours à Londres et dix jours à New York permettent aux membres d’échapper aux cours d’algorithmie et programmation à l’heure du digital, plus connus sous le nom obscur de « Digital Insights ». Comment l’ONU peut-elle, à l’image de sa petite sœur, échapper à l’obsolescence et accompagner le développement futur des nations ? Traditionnellement, trois réformes émergent comme les plus évidentes : modifier l’organisation du conseil de sécurité, doter l’ONU d’une véritable armée et réformer le processus de nomination du Secrétaire Général.

 

La réforme du conseil de sécurité est un vieux serpent de mer. Composé des vainqueurs de 1945, il n’est aujourd’hui plus représentatif. Comme l’indique Hubert Védrine dans un entretien qu’il accorde au journal Le 1, il faudrait à l’évidence y introduire l’Allemagne, le Japon, l’Inde, un pays africain, un pays d’Amérique latine et un pays arabe.

 

Concernant la force armée de l’ONU, les casques bleus sont à l’heure actuelle des militaires prêtés par les pays membres et n’agissent pas sous le commandement des Nations Unies mais sous celui d’organisations telles que l’OTAN. Doter l’ONU d’une armée permanente, professionnelle, plus offensive et opérant explicitement sous son autorité permettrait aux Nations Unies de gagner en crédibilité et en efficacité.

 

Enfin, la nomination du Secrétaire Général, aujourd’hui effectuée à l’unanimité par les membres du Conseil de Sécurité, conduit à toujours avoir un candidat conventionnel, c’est-à-dire un homme (car jamais une femme n’a été nommée à ce poste) qui ne s’interpose pas aux membres du Conseil. Permettre l’élection du Secrétaire Général par l’assemblée de tous les Etats aboutirait sûrement à doter l’institution d’un dirigeant plus indépendant et en tout cas plus légitime.

 

De la même manière que le local de Call ON’U ne sera jamais complètement propre, l’ONU ne sera jamais parfaite. Mais l’une comme l’autre peuvent s’améliorer.