Louisiana : où l’art moderne épouse la nature
Par Adriana de Villers
Bienvenue dans ce lieu magique, inspirant et stimulant, sur une colline boisée surplombant Öresund (Øresund pour les danois), la Suède à l’horizon.
Non non, je ne vous propose pas de découvrir un spa scandinave, mais un musée d’art moderne : Louisiana, à Humlebæk, à 30 minutes de Copenhague.
Musée situé dans un grand parc, des sculptures sont dispersées dans la nature. On peut y admirer des œuvres de Calder, Ernst, Arp, Henry Moore, Giacometti, Germaine Richier, Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Picasso, Kiefer, Yves Klein, Rauschenberg et bien d’autres.
Le musée, créé par Knud W. Jensen, a été inauguré en 1958 et avait pour but initial de faire découvrir l’art moderne danois aux Danois. Au cours des décennies, Louisiana est devenu un centre international d’art moderne, exposant des artistes du monde entier pour des visiteurs venant du monde entier.
(Mais pourquoi ce musée porte-il le nom d’un Etat des Etats-Unis ?
Tout simplement parce que le premier propriétaire de la maison originelle (bâtie en 1855), Alexander Brun, a épousé trois femmes portant toutes le même prénom… Louise !)
Knud voulait rendre l’art plus accessible à tous et ainsi faire de Lousiana un musée vivant, où les visiteurs puissent rencontrer des œuvres d’art et entrer en dialogue avec elles, au lieu de les voir comme des productions prétentieuses et seulement compréhensibles de l’élite.
« The more opportunities for experience that the program offers, the more Louisiana lives up to its idea – to be a ‘musical meeting place’ and a milieu that is engaged in contemporary life. »
Knud W. Jensen, pour les 40 ans du musée, 1998.
Depuis 2000, Poul Erik Tøjner est le directeur de Louisiana.
En ce moment, l’exposition Lonely Old Slogans rassemble des œuvres du peintre allemand Daniel Richter. Cette exposition explosive secoue le visiteur par l’énergie et l’intensité dégagées par les œuvres.
Daniel Richter est né en 1962 à Hambourg. Il y a étudié à l’Université des Beaux-Arts. Désormais établi à Berlin, il est professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne et ses œuvres sont exposées dans le monde entier. Si l’on prête de l’attention aux dates tout au long de l’exposition, on peut remarquer qu’au début de sa carrière, son style était très psychédélique : les couleurs intenses, presque néons, s’entrelacent et éclatent en un tout abstrait et électrique. Depuis 2002, son art devient figuratif et presque théâtral.
« […] there are pictures that come out of dealing with themes or issues, that is, an attempt to paint historical or contemporary themes. […] Then there are pictures that emerge from found materials and live because they rise above the unambiguity of the materials, often journalisatic photographs, and become something else. Finally, there are the pictures that are reprensentations of dream states – pictures that […] are almost surrealistic. » Daniel Richter, 2006
Küss die Schlampe, Flagge, 2005 (Traduction : Embrasse la salope, drapeau)
Daniel Richter est un intellectuel : la littérature, l’histoire, la philosophie et la politique sont des éléments essentiels de sa vie et de ses créations. Si Richter a débuté comme peintre dans un monde où l’ironie, le détachement, la suspicion et la dissolution étaient maîtres-mots et où l’œuvre d’art a pour seul objet elle-même, il a décidé de faire ses propres expérimentations et explorations et ne veut pas que ses peintures soient leur propre objet. Elles sont action, elles montrent quelque chose qui est en train de se dérouler sous nos yeux. En ce sens, Richter est un peintre classique qui croit au pouvoir de l’art de raconter une histoire. Il veut d’ailleurs raconter une histoire, l’histoire de l’ordre humain constamment menacé par le chaos.
« That’s the self-contradiction inherent in all paintings : they may offer drama or rebellion, but they also offer comfort. Painting, striving for an idea of honesty in painting, must necessarily be a lie. If the painting doesn’t lie, there’s something wrong. Then its honesty lies in its falseness or hubris. »
Daniel Richter conversant avec Poul Erik Tøjner à Louisiana