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22 novembre 2019

Pourquoi passons-nous autant de temps sur Facebook ?

9h05.
La tête encore embrumée de ta soirée de la veille, tu arrives avec un retard plus qu’acceptable dans ta salle de classe : la preuve, tu n’es même pas le dernier. Au fond de la classe, tu repères rapidement une place libre que tu te dépêches de rejoindre. A peine assis que tu sors déjà ton ordi : après tout, prendre des notes sur papier, c’est dépassé.

Sauf que voilà, tu n’as même eu le temps d’ouvrir une page de notes que tu te retrouves déjà sur Facebook. Il faut dire qu’avec ton retard de ce matin, tu n’as pas vraiment eu le temps de répondre à tes quatre conversations actives, comme te le rappelle la petite pastille rouge sur ton application. D’autant plus que le professeur n’a même pas encore commencé son cours : tu peux bien y passer cinq minutes.

9h20.
Tu relèves la tête. Mince, ça fait déjà un quart d’heure que tu réponds à tes potes, et tu n’as même pas entendu le professeur commencer à parler. Tu essaies de te concentrer sur ton cours de bullshit et de prendre des notes en prévision du partiel, malheureusement une vidéo dans laquelle ta sœur t’a taggué accapare ton attention. Super mignon ce petit chat, c’est vrai qu’on dirait Ronron.

10h15.
Sans t’en rendre compte, ça fait déjà une heure que les vidéos d’animaux s’enchainent sur ton écran. Tu relèves une nouvelle fois la tête quand ton professeur t’interpelle. Mince, tu n’as aucune idée de ce qui t’est demandé. Par culpabilité, tu recommences à écouter. Pour cinq minutes, car la pause vient de sonner.

10h45.
Un café serré posé sur ta table, c’est décidé : tu vas écouter jusqu’à la fin du cours. Mais c’est sans compter sur la page que tu avais laissée ouverte sur ton ordi. Facebook te fait remarquer qu’en ton absence, le groupe de ton asso a eu 150 messages non lus. Comme tu ne veux pas laisser passer cette discussion, tu replonges ta tête dans ton écran.

11h30.
Tu ne sors de ton ordi que lorsque le professeur, dépité d’enseigner devant 50 têtes baissées éclairées par une lumière bleue, vous fait remarquer que ce qu’il vient de dire sera sûrement au partiel. Alors tu prends ton air le plus sérieux, baisse l’écran de ton ordi afin d’écouter ce qu’il va raconter. C’était sans compter le shotgun pour l’event de la semaine qui vient d’être publié.

11h55.
Plus que cinq minutes de cours. Avant de ranger tes affaires, tu envoies un dernier message à ton pote pour le retrouver avant d’aller manger.

Bilan de ta matinée :  300 messages envoyés, 15 publications likées, et 0 minute de cours écoutée.

 

Si tu t’es retrouvé dans cette petite histoire alors bravo, tu es accro. Mais comment Facebook fait-il pour nous rendre tous addicts à nos écrans ?

Pour t’attirer sur l’application, Facebook se sert d’abord de sa position hégémonique dans le monde virtuel des interactions sociales. En effet, plus de la moitié des français possèdent un compte actif, faisant du réseau un des premiers moyens de communication virtuelle instantanée. Ainsi, il est presque impossible de se passer de Facebook en école : toutes les informations, les messages et les évènements sont publiés sur ce réseau, créant une sur-sollicitation constante pour les utilisateurs de ce réseau participatif. En effet, les millenials passent plus de 3h par jour sur les réseaux, contre 35 minutes pour la moyenne mondiale.

Ainsi, une fois que tu es arrivé sur Facebook, l’entreprise a tout intérêt à faire en sorte que tu reviennes le plus possible sur l’application. En effet, la valorisation de leurs stock-options tient de la monétisation de tes données personnelles : plus de temps tu passes connecté à liker, commenter et partager des publications sur ton mur ou dans un groupe, plus elles deviennent précieuses et sont valorisées.

Et afin de te faciliter l’accès à ce monde virtuel pour satisfaire ton ultra-connexion, ils ont développé une application te permettant de te rentre en 1 clic sur Facebook. Peu importe où tu te situes, il te suffit ensuite d’un accès internet pour perdre des heures à scroller dans l’attente d’un contenu de qualité.

Mais alors, comment se fait-il que ce soit la première application sur laquelle nous nous rendons lorsque nous allumons notre téléphone ?

Le génie de Facebook réside dans le fait que ce réseau ait su virtualiser l’interaction sociale à la base de toute relation humaine : l’amitié.

Dans son livre Comment se faire des amis, Dale Carnegie explique que pour cela il faut réaliser quatre actions : sourire, être intéressé, écouter et donner à l’autre l’impression qu’il est important. Ainsi, pour être ami, il faut montrer que l’on est amis : c’est le principe de réciprocité.

De fait, le like, donné ou reçu, est devenu un outil d’interaction et de validation sociale répondant à un désir primaire de sociabilité. Notre cerveau s’occupe ensuite de l’assimiler à une interaction sociale réelle suite à laquelle il libère une récompense : la dopamine. Cette petite molécule est responsable de la sensation de plaisir, de motivation et … d’addiction.

 

Léna Agar

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