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27 septembre 2019

Sceptionnaire #1

Que pense-t-on des classes préparatoires à ESCP Europe ? C’est la question que nous nous posions, vous avez été 182 à nous répondre.

Selon une large majorité d’entre vous, les classes préparatoires servent la méritocratie, ce système fondé sur l’égalité des chances où seul le mérite serait vecteur de pouvoir et de privilèges. Ainsi les classes préparatoires seraient l’opportunité pour les élèves les plus méritants d’obtenir certains avantages : être admis dans une école prestigieuse par exemple. Après deux, voire trois (voire quatre…) années de travail acharné, de sacrifices, on ne peut que partager cet avis. Mon école, je l’ai bien méritée, et si tu avais travaillé comme je l’ai fait, tu aurais pu y être aussi.

Seuls 30% d’entre vous réfutent cette opinion : non, les classes préparatoires ne servent pas la méritocratie. Pourquoi ? D’abord parce qu’elles seraient « l’aboutissement d’un système scolaire profondément inégalitaire », et « instrument de reproduction sociale ». Très peu d’élèves issus de zones sensibles s’inscrivent en effet en classe préparatoire : soit par faute d’information, soit en perspective du coût que peut représenter l’école.

Certains d’entre vous arborent un autre argument contre la méritocratie : celui des prépas privées, dont les taux de réussite élevés vont de pair avec la classe sociale de l’élève. Comment parler de méritocratie quand il faut nécessairement payer pour bénéficier d’un enseignement de qualité ? Comment parler encore de méritocratie quand des élèves d’ECS peuvent se présenter au concours en tant qu’ECE dans ces mêmes prépas privées? De plus, les disparités entre l’enseignement dispensé dans les petites et grandes prépas donnent à nouveau du crédit aux détracteurs de la méritocratie.

Les moyens donnés aux élèves étant différents, on ne peut s’étonner que leurs résultats le soient également.

Enfin, le facteur chance n’ajouterait-il pas une épine au pied de la méritocratie ? En effet, les résultats des concours détiennent toujours une part de surprise : des élèves moins performants se voient attribuer des écoles auxquelles ils ne s’attendaient pas, quand des têtes de classe tombent de haut. Aussi le caractère aléatoire des concours ne reflète-t-il pas toujours le travail fourni au cours des années de classe préparatoire.

 

Si la méritocratie des classes préparatoires fait autant débat, peut-on toujours légitimement qualifier ces classes de « voies royales » ? Oui, selon 80% des sondés, tout simplement parce que ces classes sont la voie la plus efficace pour accéder aux Grandes Ecoles, ni plus, ni moins. Vous me direz que cela dépend de l’école, certes, mais bon, on n’est pas à l’EM Lyon.

En fait, c’est surtout la nature de cette « voie royale », plus que son aboutissement, qui fait diverger vos avis. La classe préparatoire est source d’épanouissement personnel pour certains, quand l’un d’entre vous souligne l’incohérence d’un tel parcours : pourquoi s’imposer une telle pression, un environnement si compétitif, pour arriver finalement en école et ne plus rien faire ? Et puis certes, les classes préparatoires témoignent de la grande capacité de travail de ceux qui en sont issus, mais l’enseignement qu’elles dispensent est beaucoup trop détaché de ce que l’on « apprend » en école. N’est-il pas aberrant de postuler pour une école de commerce quand nos connaissances en terme de management, marketing etc sont dérisoires ?

Sommes-nous attirés par l’enseignement des écoles ou par l’avenir prometteur qu’elles nous laissent envisager ?

D’autres encore remettent en cause la nature de la classe préparatoire au vu du bachotage auquel elle semble se résumer : « J’ai eu l’impression que dans certaines matières comme la CG ou les maths, on est formé à réussir un concours et pas à être véritablement fort dans ces matières ». L’un d’entre vous déplore notamment le fait que les classes préparatoires ne mettent seulement en avant l’intelligence académique : « Les concours obligent au bachotage et asservissent les connaissances ». Les acquis ne seraient qu’un moyen d’atteindre notre objectif : la réussite au concours. Vous vous posez encore la question aujourd’hui ? Et bien si vous ne vous souvenez de rien, vous avez bachoté, si vous pensez toujours que les cours de philosophie de Madame Bertrand étaient source d’épanouissement intellectuel, mais que vous avez rompu en école avec toute notion de CG, de philo, et d’histoire, alors Madame Bertrand n’a pas réussi à stimuler votre curiosité de manière à vous plonger dans son monde, et encore une fois, vous avez bachoté.

 

 

Pourquoi choisir la classe préparatoire finalement ? Pour le CV ? 45,3% d’entre vous, la voient comme un atout indéniable. Et il est vrai, que la classe préparatoire en dit long sur un candidat : persévérance, force mentale, goût pour la compétition… de quoi plaire aux recruteurs.  Néanmoins, le reste d’entre vous souligne que cet atout n’offre rien de définitif. D’autres facteurs entrent en compte : l’expérience, par exemple, dont nous manquons cruellement en sortant de classe préparatoire quand nos amis AST ont souvent l’avantage d’avoir plusieurs stages à leur actif. La personnalité du candidat, sa motivation, son piston… sont aussi d’autres éléments déterminants dans le processus de sélection.

Le CV ne fait pas tout.

Pour le défi que la classe préparatoire représente ? En partie. Tout le monde ne passe pas le cap des trois mois en classe prépa, ni celui des un an. Supporter la pression, la compétition, la charge de travail n’est pas donné à tout le monde. Et puis détestions-nous tant que ça le surmenage ? Finalement, notre implication (plus ou moins) active dans la vie de l’école témoigne de notre besoin d’être occupé continuellement, puisque les cours ne suffisent plus à nous satisfaire.

Pour l’enrichissement intellectuel qu’elle procure alors ? Certainement. Bachotage ou pas, nous aimions apprendre, et apprendre à apprendre. La manière dont nous rejetons les cours qui nous sont dispensés prouve, si ce n’est notre mépris, du moins notre déception à leur égard. Plus besoin de travailler tous les jours, s’y mettre une semaine avant les partiels suffira, nous le savons bien, et c’est bien triste. Nous ne sommes plus animés par aucun défi : peu importe nos notes, nos classements, nous irons tous dans le campus que nous souhaitons. Au moins, en école, on a appris à négocier.

 

Paradoxal, n’est-ce pas, ces classes préparatoires… Elles nous ont tant apporté et nous ont tant fait subir qu’il nous sera toujours difficile d’avoir à leur égard une opinion claire et tranchée.

 

En bonus, un petit best-of de vos idées pour améliorer les classes prépa:

 

“Faut juste réformer le concours pour ne plus avoir des branques en correcteurs. Honnêtement j’ai vu des trucs incroyable, les mecs les plus mauvais taper des 18 en Maths 1 c’est pas un coup de chance, et dans toutes les matières c’est scandaleux que les profs ne lisent pas l’intégralité des copies et mettent donc des notes biaisées. Double correction, sélection des correcteurs…”

 

“Les plus gros défauts sont la pression très forte imposée et l’absence d’enseignement plus “concrets” se rapprochant de ce qu’on étudie en école de commerce. Je pense qu’il faudrait revoir les programmes pour que des bases en management, gestion, marketing etc soient déjà acquises et pertinentes pour les concours.”

 

“La pression constante exercée sur des étudiants qui peuvent ainsi se sentir bridés. A terme, la prépa peut tuer la créativité dans la mesure où certaines épreuves sont très mécaniques. Peut-être qu’amoindrir le poids des maths ne serait pas une mauvaise idée”

 

“Gros problème d’informations et d’encouragement des élèves dans les lycées et donc certaines “classes sociales” (surtout avec un ou des parents prof) sont favorisées pour l’intégration en prépa. Il faudrait sans aucun doutes davantage pousser les classes préparatoires comme une voie d’accès certes excellente mais aussi accessible.”

 

“Bastos je t’aime. J’aimerais qu’on deviennent plus que des amis. Genre si on pouvait prendre un verre ensemble un de ses quatre pour en parler en 1v1. On pourrait Netflix and Chill chez moi après ;). Je t’attends à Berlin avec impatience ma belle.”

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