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29 janvier 2020

Oui, être cheerleader et féministe est compatible

« Ah t’es pom-pom-girl toi ? C’est pas incompatible d’être féministe et pom-pom-girl ? » est sans doute la question qu’on m’a le plus posée depuis que j’ai intégré l’équipe de cheerleading de l’ESCP. Que ce soit une réelle question ou une critique déguisée, peu importe. Cette remarque en dit long sur un état d’esprit ambiant.

Tout d’abord, en disant cela, le cheerleading n’est pas considéré comme un vrai sport et perd de sa légitimité dans le regard de certains ou certaines. En utilisant le terme pom-pom-girl au lieu de celui de cheerleading, on réduit ce sport à l’accessoire utilisé et on exclut inévitablement les hommes qui pourraient eux aussi le pratiquer. D’ailleurs, à l’origine, le cheerleading était une discipline uniquement pratiquée dans les universités pour hommes aux États-Unis.  Jusqu’en 1923, les équipes étaient encore formées exclusivement d’hommes. Près d’un siècle plus tard, 90% des cheerleaders sont dorénavant des femmes. Cela pourrait sembler être un progrès. Mais avec le temps, l’image des cheerleaders s’est, elle, détériorée. Que ce soit au cinéma, dans les séries ou les clips, les cheerleaders sont réduites à leur physique, ce qui ne permet pas une réelle connaissance de ce sport, pourtant exigeant et complet. Une chorégraphie de cheerleading doit obligatoirement contenir des mouvements d’ensemble dansés, des portés (notamment un stunt, figure où le voltigeur est debout en équilibre sur les mains d’un ou plusieurs porteurs), des pyramides, mais également des acrobaties de gymnastique, telles que la roue, le grand écart ou la souplesse arrière. Cela nécessite donc de nombreux entraînements, un travail de fond et une bonne entente au sein de l’équipe. Mais beaucoup ignorent tout cela. Et comme souvent, l’ignorance mène au jugement hâtif.

De plus, tout le monde ne définit pas le féminisme de la même manière. Pour rappel -et dit de manière très simple- être féministe signifie désirer une égalité des droits et des traitements dans la société entre les hommes et les femmes. Le féminisme consiste donc à respecter les choix d’une femme et non lui interdire de faire telle ou telle chose. Mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement, appliqué à notre situation ? Cela signifie simplement que je ne veux pas être jugée sur ma décision d’intégrer l’équipe de cheerleader. Je pense mériter le même respect que les « vrais » sportifs de cette école, et la jupe courte que je porte ne devrait en rien changer cela. Certes le corps de la femme est particulièrement érotisé dans ce sport (ou dans d’autres comme le pole dance par exemple). Mais c’est la société qui nous inflige cette image, non le sport en lui-même.

 

Donc oui, je suis capitaine des cheerleaders et cela me rend heureuse et fière.

Non, je ne suis pas une fille facile parce que je danse en jupette.

Oui, je suis féministe et moi seule décide de ce que je fais avec mon corps.

Non, je ne vais pas m’arrêter parce que quelques-uns pensent le contraire.

 

Julie Mayer

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