Et s’il y avait un uniforme à ESCP Europe ?
A l’heure où tu as pu arborer à de multiples reprises ton pull d’asso si difficilement obtenu au cours de ton intro, tu as pu te poser la question du sens de ton appartenance à tel ou tel groupe associatif. Parce que oui, tu t’es vu jurer fidélité et il va maintenant falloir que tu tiennes ton engagement.
Regarde une nouvelle fois ce pull. Peu importe qu’il soit blanc cassé, bleu navy, vert prairie ou même pourpre impérial, il arbore toujours les marques de l’asso qu’il représente : son nom et son logo. En fait, tout porte à croire que ce pull n’est rien d’autre qu’un uniforme… Alors même qu’en mai 68 le principe des uniformes à l’école s’est vu être violement décrié, il s’agirait aujourd’hui pour les scepiens de se battre pour revêtir les couleurs d’un groupe. Paradoxe ? Et bien non.
Nous avons tous besoin d’appartenir à un groupe quel qu’il soit : à commencer par la famille (liens du sang), les amis (liens du cœur), les assos (liens de conviction), puis finalement la patrie (liens patriotiques)… Bref ceci n’a rien de révolutionnaire. Simplement il faut peut-être comprendre par-là que même ceux qui réclament l’abolition de toute forme d’uniforme revendiquent en faisant cela son principe même, c’est-à-dire le principe de distinction par rapport à autrui. En effet revendiquer l’idée de liberté vestimentaire revient à défendre l’idée de diversité, elle-même synonyme de distinction. Or l’uniforme est aussi un élément permettant de s’opposer aux autres groupes.
Intégrer un groupe c’est souvent s’écarter d’un autre.
Qui plus est, si l’uniforme a parfois pu être imposé à des membres d’une institution n’ayant pas proprement choisi d’en être, les Scepiens ont en revanche tous choisi de rejoindre ESCP Europe. Porter un uniforme ESCP Europe ne serait que revendiquer une fois de plus ce choix. Bien sûr, rien n’est plus facile que d’acheter un pull à l’effigie de l’école : l’étudiant passe commande auprès de son BDE qui se charge de tout. La difficulté apparaît dès lors qu’il est question de comparer ce sweat au costume républicain ou aux tenues de certains universitaires américains. Ces derniers sont attachés à un indéniable prestige et connaissent parfois une longue tradition. En lui-même un sweat n’a rien de prestigieux et si le modèle porté par les Scepiens peut être considéré comme tel par certains aspects, c’est en raison du logo qu’il porte. Malgré cela, le sweat ESCP Europe remplit sa mission de représentation puisqu’il permet à ses détenteurs de se distinguer des étudiants d’autres institutions. Faut-il alors parler d’uniforme pour qualifier le pull scepien et ainsi le placer au même niveau que le Grand Uniforme des Polytechniciens ? Afin d’éviter un débat inutile, il serait sans doute préférable d’utiliser le terme de néo-uniforme pour qualifier le sweat dont nous parlons car s’il remplit sa fonction de représentation de l’école, il n’est pas vraiment officiel et reste bien moins strict que les uniformes traditionnels.
La conclusion reste néanmoins similaire : ESCP Europe dispose déjà de son néo-uniforme.
Faudrait-il alors instaurer une tenue plus officielle, qui serait davantage revendiquée par les membres de la communauté scepienne ? Certes, un même habit est tisseur de liens entre les gens qui le portent, mais s’il l’est, c’est sans doute davantage parce qu’il symbolise les valeurs de leur communauté que parce qu’il est considéré comme intrinsèquement beau. Officiel ou officieux, prestigieux ou informel, le vêtement représentant une communauté n’a de sens que s’il en incarne les valeurs et devient finalement secondaire par rapport à celles-ci. Le plus important pour la communauté ESCP Europe serait donc de s’assurer de la transmission des valeurs à l’origine de cette grande famille avant même de songer à instaurer un costume officiel.
Regarde une nouvelle fois ton pull d’asso. Néo-uniforme reflétant ton engagement, il est surtout symbole des valeurs du groupe que tu as choisi. Il est alors temps pour toi de le porter avec panache et fierté !
Hermine Jousseaume