Smart Valleys – Meet the other entrepreneurs

par Bastien Peccoux

Streams est parti à la rencontre de Charlie Debs, Guillaume Deslandes et Raphaël Di Meglio, étudiants à l’ESCP et fondateurs de Smart Valleys.

Smart Valleys est le projet ambitieux de trois étudiants d’ESCP Europe pour leur deuxième année de césure. L’initiative vise à mettre en lumière des écosystèmes entrepreneuriaux émergents en allant rencontrer les acteurs clés qui les composent : entrepreneurs, incubateurs, investisseurs et avocats. Le projet s’articule autour de trois axes : créer une base de données sur les startups rencontrées ; réaliser et diffuser des interviews d’entrepreneurs locaux et des vidéos mêlant analyses financière, juridique et fiscale des divers paysages entrepreneuriaux; et enfin, rédiger un rapport répondant aux principales problématiques de ces écosystèmes en plein essor. Neuf pays, onze villes, une cinquantaine de startups, voilà le programme que prévoient ces passionnés pour initier leur public à un entrepreneuriat trop négligé à leur goût.

 

Beaucoup d’étudiants songent à prendre deux années de césure pour développer un projet, mais peu franchissent le pas. Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans l’aventure ?

Charlie : J’ai décidé de prendre une deuxième année de césure dès le moment où j’ai appris que c’était possible. Je n’avais pas forcément l’idée de monter un projet à ce moment-là, je voulais seulement bouger le plus possible, et j’imaginais qu’un projet pourrait me permettre de le faire gratuitement (C’est loin d’être si simple finalement). Quant à la décision de se lancer, elle s’est faite presque immédiatement au moment où Raph a su qu’il ferait une deuxième année de césure. Ensuite, au fur et à mesure que l’on travaillait dessus, le projet est devenu de plus en plus sérieux et construit et je m’y suis beaucoup attaché. L’idée de voyage est un peu passée au second plan, derrière la possibilité de lancer Smart Valleys.

Guillaume : Faire le choix d’une deuxième année de césure est quelque chose qui paraît simple dans un premier temps, mais soulève aussi de nombreuses questions professionnelles. C’est pour ma part la possibilité de créer un vrai projet durable dans le temps, sérieux, et riche en apprentissage qui m’a fait véritablement franchir le pas. Cette expérience nous permet à la fois d’aller rencontrer des entrepreneurs d’univers radicalement différents, mais de nous forger nous même une expérience des affres de la création de projet, de la recherche de financement.

Raphaël : La contrainte ! Mi-juillet de l’année dernière, l’ESCP m’apprend que je n’ai pas validé un prérequis d’ITS et que je ne peux pas m’inscrire en dernière année. A l’époque, j’étais fou de rage contre l’administration et avais juré de me venger façon Edmond Dantès. Aujourd’hui, je vois ça comme une formidable opportunité et je conseille à tout le monde de prendre une 2ème année de césure.

Comment vous est venue l’idée de Smart Valleys ? Avez-vous eu d’autres idées avant celle-là ?

C. : Le cheminement a été long. A la base, on savait qu’on voulait faire un truc autour de l’entrepreneuriat. Ça c’était clair. On connaissait aussi les points forts de notre équipe avec des compétences plutôt variées (juridique, finance, entrepreneuriat, montage vidéo etc…) Mais comme je l’ai dit, je voulais surtout voyager. L’idée était assez brouillonne et les destinations assez transparentes sur nos intentions, c’était du Brésil, Afrique du Sud, Vietnam, Australie etc… La cohérence laissait un peu à désirer. C’est en discutant avec le plus de personnes possibles que nous avons peu à peu recentré notre projet. On ne voulait pas se limiter à un secteur, même si on savait que le social, ou les cleantechs étaient très valorisées. On a donc préféré se limiter à une région, et permettre à d’autres étudiants de compléter le projet dans les années à venir.

R. : Initialement, on avait tous les trois très clairement envie de voyager. Après, on partage aussi cette idée qu’il faut constamment donner un sens à nos projets. De notre intérêt pour l’entrepreneuriat et le monde des startups combiné à l’envie de faire quelque chose d’original, on s’est mis en tête d’aller non pas dans la Silicon Valley mais dans d’autres zones d’innovation. J’aurais bien fait un tour du monde gastronomique sinon. Peut-être pour ma 3ème année de césure, j’attends encore les résultats d’ITS…

L’Asie vous est-elle apparue comme une évidence pour votre projet ou avez-vous hésité à étudier d’autres régions dynamiques, comme l’Amérique latine par exemple ?

C. : Quand tu regardes un petit peu ce qu’il se fait dans le monde, c’est vrai que c’est quand même l’Asie qui ressort le mieux. Comme on est sur une première édition, et que l’idée est de faire partir d’autres étudiants dans d’autres régions dans les années qui suivront, il était préférable de prendre une région qui se vendait assez facilement je pense. En plus, l’Asie nous attirait pas mal. Honnêtement, si je devais choisir une autre région, je partirais sur l’Afrique. Il y a énormément d’idées géniales qui sortent, en particulier au Nigéria ou au Kenya.

G. : Nous avons en effet commencé par l’étude de plusieurs régions dynamiques et notamment l’Afrique ou l’entrepreneuriat prend une place de plus en plus importante dans les économies locales. Il nous est néanmoins rapidement apparût que pour créer de la notoriété autour de notre projet et le faire perdurer sur plusieurs éditions, l’Asie était le continent le plus parlant en terme d’innovations, et de barrière culturelles !

R. : Sur les vingt premières valorisations mondiales en termes de startups aujourd’hui, dix sont américaines, huit sont asiatiques (sept chinoises) et une européenne. Je pense qu’il y a une réelle effervescence dans cette région notamment due à la taille des marchés intérieurs.

Comment parvenez-vous à démarcher les acteurs de l’entrepreneuriat asiatique ? Quelles difficultés éprouvez-vous ?

C. : On a chacun de nos côtés différents contacts que l’on a pu obtenir par nos stages ou autres. Perso, mes anciens boss bossaient chez P&G et avaient fait ESSEC et ESCP, ce qui leur procurait un réseau assez énorme qu’ils ont bien voulu partager avec moi. Ca te fait une première base pour atteindre les personnes qui t’intéressent. Ensuite, c’est au culot, par Twitter, Linkedin, Mail etc.

G. : Les contacts personnels français restent une porte d’entrée très intéressantes pour nous. Ils nous permettent d’avoir des relais locaux sur place qui peuvent ensuite nous aiguiller vers des acteurs de l’entrepreneuriat asiatique. La véritable difficulté reste la crédibilité envers des entrepreneurs locaux qui n’ont que peu d’intérêt (en apparence !) à s’ouvrir à nous.

R. : Pour ce qui est des acteurs asiatiques, tout a été facilité lorsqu’on a lancé la vidéo de présentation du projet. Il suffisait qu’ils la visionnent pour que le projet les intéresse et qu’on obtienne un rendez-vous Skype assez rapidement. D’ailleurs, on a bon espoir de finaliser un partenariat avec un gros média asiatique pour diffuser nos interviews.

Comment s’effectue la répartition du travail entre vous trois ? La répartition est-elle liée à vos différents parcours et expériences ?

C. : On n’a pas vraiment fixé de répartition précise, chacun fait ce qu’il pense pouvoir faire le mieux/le plus rapidement. Même si dans les faits, je suis plutôt axé sur la production vu que je touche un petit peu en montage vidéo et que j’ai les logiciels qu’il faut.

G. : La répartition est totalement fonction de nos parcours et de nos compétences. Des domaines de compétences bien définis et différenciés permettent une meilleure alchimie, de décupler la productivité de l’équipe. Cela est essentiel quand on est 3 !

R. : De façon assez naturelle, parfois autoritaire quand il faut mettre un coup de boost. On s’engueule pas mal mais on se réconcilie toujours, on est finalement assez peu susceptible. C’est particulièrement important.

Votre projet comporte de nombreux frais, notamment en déplacements, quels sont vos moyens de financement ?

C. : On veut se faire financer intégralement par nos partenaires. Ce n’est pas une mince affaire. On a tous les contacts nécessaires sur place pour avoir des locaux à disposition, d’autres boîtes en échange d’une com de notre part sont prêtes à mettre de l’argent ou du matos, on offre des missions de conseil sur place.

G. : Nos moyens de financements sont majoritairement du mécénat de grands comptes qui souhaitent s’afficher avec notre projet. Nous permettons a ces entreprises une visibilité auprès du public d’étudiants et de jeunes entrepreneurs que nous développons.
Nous proposons également de récolter des données sur les startups rencontrées ainsi que sur les environnements entrepreneuriaux étudiés (qui permet notamment de faciliter l’implantation d’entreprises françaises en Asie du Sud-Est).

Vous semblez tous les trois passionnés d’entrepreneuriat ? Voyez-vous cette expérience comme une source d’inspiration pour d’éventuels futurs projets ?

C. : Bien sûr. Un projet du style, c’est juste excellent pour apprendre. Sur l’entrepreneuriat évidemment en rencontrant toutes les personnes que l’on prévoit de voir, sur les différents écosystèmes, les modes de fonctionnement etc… Mais aussi et peut-être même surtout, sur comment créer un projet à partir de rien. L’idée, l’organisation avec tes potes, le contact avec les gens… Tu verrais nos mails et nos méthodes de démarchage au début et maintenant … On a énormément appris. En ce qui me concerne, j’ai plus appris de trucs qui me paraissent utiles sur Smart Valleys que sur mes deux stages réunis.

G. : C’est exactement ça ! Nous aimons dire que cette expérience est un voyage initiatique autour de l’entrepreneuriat et de sa galaxie composée par les fonds d’investissement, les avocats, les accélérateurs, les incubateurs… Cela va nous permettre de rencontrer des points de vues différents, très éloignés de ce qui ce dit en Europe (et qui est majoritairement la pensée de la Silicon Valley !).
Découvrir ce mélange de culture, de philosophie, de problématiques radicalement différentes du monde occidental, le tout par le prisme de l’entrepreneuriat nous excite complètement !

R. : L’idée ce n’est pas tant de partir pour voler l’idée du futur Steve Jobs sri lankais mais s’immerger dans le monde des startups, maîtriser les outils employés et apprendre des parcours d’entrepreneurs.

Un dernier mot ?

C. : Ouais. Merci pour l’interview, j’en profite pour faire un petit coup de pub, allez liker la page et regarder la vidéo, avoir une grosse audience reste toujours le meilleur argument face aux partenaires !

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