Grande messe annuelle de la photographie de presse
Par Corentin Jaouen
Grande messe du photojournalisme, le World Press Photo récompense chaque année les meilleurs clichés de presse. Ce concours valorise le rôle du reporter dans l’engagement photographique, dénonciation muette d’une actualité cacophonique. La nudité d’une photo parle parfois plus que la lassante valse d’articles rendus inaudibles par le flux furieux d’information qui se déverse à longueur de journal.
C’est toute une actualité brulante qu’on entraperçoit dans un simple cliché. Après avoir récompensé en 2015 la pudeur d’un moment d’intimité d’un couple gay pétersbourgeois, résonnance particulière au creux d’une répression législative russe de l’homosexualité, le jury a cette année privilégié la question des réfugiés. Une actualité déjà mise sur le devant de la scène par la photo de Aylan, ce jeune réfugié syrien gisant mort sur une plage syrienne.
Le mystère crépusculaire qui entoure les protagonistes du cliché est magnétique et laisse la part libre à l’interprétation d’une histoire dont on pressent les tenants. Il nous rappelle surtout à la dure réalité d’un monde de frontières.