25 janvier 2016

Crosby Still Nash (& Young), les ambassadeurs d’une génération

par Alexis Delozanne 

CSNY est aujourd’hui considéré comme un groupe majeur de la scène folk rock des années 1960-1970 et apparaît comme une évidence lorsqu’on est amené à discuter de folk. Les albums du groupe sont revenus au goût du jour avec la sortie en septembre de l’autobiographie Wild Tales de Graham Nash et la tournée mondiale de Crosby Stills and Nash en 2015. Pourtant la naissance du trio –devenu un quatuor avec l’arrivée de Neil Young- loin d’être instinctive relève de miracles qui occasionnent parfois la rencontre de grands musiciens.

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L’histoire commence en 1968 à Los Angeles. Graham Nash, jeune anglais issu de la working class de Salford (banlieue de Manchester) atterrit en Californie. Alors leader et co-fondateur des Hollies, Nash vient rendre visite à Joni Mitchell, sa copine de l’époque. L’euphorie du Rock n Roll et du mouvement hippie avait déjà envahit la Californie où se réunissent deux cultures du rock : le folk né aux US et la British invasion des Beatles, des Stones, Kinks, Hollies … Sur place, Nash fait la rencontre de David Crosby (ex Byrds) et Stephen Stills (ex Buffalo Springfield). Deux mondes issus du rock n roll des 50’s se rencontrent autour d’une passion commune : l’harmonisation vocale. Graham Nash était déjà un passionné de chœurs depuis son enfance. Enfant de chœur, puis chanteur guitariste avec Clark (des Hollies).

Il rencontre un maître du registre en la personne de Crosby. L’ex Byrd avait déjà collaboré avec les Beach Boys et notamment Brian Wilson, compositeur de génie et « arrangeur vocal » des Beach Boys. Chez Joni Mitchell, Nash rencontre également Stephen Stills, guitariste génial avec qui Crosby travaille déjà sur quelques morceaux. Dans le salon, les trois artistes plaquent trois quatre accords, posent leurs voix simultanément et le trio nait. De retour en Angleterre, Nash décide de mettre un terme aux Hollies pour s’impliquer pleinement de l’autre côté de l’Atlantique. Il revient alors en Californie retrouver les deux ténors du rock Américain et le trio Crosby Stills and Nash (alias CSN) prend forme.

Un an plus tard le trio sort son premier album qui porte le même nom que l’artiste. Il remporte un succès immédiat auprès du public et de la presse. Les titres Marrakech Express et Suite : Judy blue eyes grimpent rapidement aux classements de l’époque. L’album est une pépite, des influences diverses se mêlent autour d’une seule voix, le chœur CSN. La même année, le groupe sera d’ailleurs présent à Woodstock aux côtés d’Hendrix, des Who etc. À la fin de l’année, le groupe cherche un quatrième musicien pour ajouter une voix et une influence de plus. Nash se met au piano grâce à Stills et ainsi le groupe peut accueillir un dernier guitariste.

En 1970, le groupe reçoit donc un quatrième membre et pas des moindres : Neil Young. Le canadien avait connu Stills avec Buffalo Springfield, il n’a pas forcément bonne réputation auprès de Nash et Crosby qui le considèrent trop auto-centré pour un groupe comme le leur. Malgré tout, ils sortent un album en 1970 : « Déjà vu » perçu comme un des plus chefs d’œuvre de l’histoire du rock. Pour certains, cet album marque le tournant entre le son des 60’s et des 70’s. L’album mêle des compositions personnelles, et encore une fois des infuences de tout type. Young expérimente des balades qu’il prolongera avec Harvest une année plus tard. Nash et Crosby poursuivent leur travail d’harmonies vocales en cherchant à s’approcher des chants traditionnels bulgares pour lesquels ils ont une passion commune. Le groupe prend aussi une autre dimension en s’emparant de sujets politiques, notamment dans Chicago composée par Nash.

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Ce projet musical inédit ne durera pas plus de 3 ans, juste le temps de laisser une empreinte indélébile sur la musique folk des 70’s (le groupe préfigure très largement America qui sortira son Déjà vu « America » un an plus tard). CSNY est un héritage d’une époque où les grandes figures du rock se rencontraient véritablement et jouissaient d’une liberté vis-à-vis des lois commerciales pour explorer de nouveaux champs musicaux.