Journal de bord d’un confiné – partie 2
Arthur, un de nos fidèles lecteurs, a souhaité nous partager le récit de son confinement particulier. Vous pourrez suivre ses aventures à travers 6 épisodes qui seront diffusés chaque semaine. Si vous avez raté l’épisode 1 cliquez ici -> http://streamsescp.com/nos-lecteurs-ont-du-talent/journal-de-bord-dun-confine-partie-1/
Partie 2 : un plan miraculeux
Faisons un état des lieux de la situation du COVID 19 à Athènes le 25 Octobre.
Les musées, bars, restaurants, boîtes de nuit, et autres commerces sont ouverts.
Un couvre-feu est en vigueur de minuit et demi à 5 heures.
En arrivant à Athènes, je fus immédiatement attiré par le grand bordel que m’inspirait cette ville. Un mélange entre des ruines millénaires, des bâtiments résidentiels tous aussi laids les uns que les autres, et des quartiers explosifs d’anarchistes, remplis de squats et de tags multicolores. La ville elle-même est un amas incohérent, surplombé par des collines, qui s’étend à perte de vue sans qu’aucun centre d’affaires vienne gâcher le paysage. Dans les rues, la température est plus que douce, les grecs et les touristes sont, dès 16 heures, attablés sur les terrasses des bars, à siroter du ouzo en grignotant du Tzatzíki. L’ambiance morose et anxiogène qui régnait alors à Paris, son temps gris et pluvieux et son couvre-feu à 21 heures avaient immédiatement disparu de mon quotidien. Je passais mes premières journées dans une sorte de frénésie culturelle et créative : je visitais tous les musées possibles et imaginables, et, en tant que bon touriste Français, allais lire et fumer à la terrasse des cafés, en affichant un air mi-contrarié mi-intéressé.
Dès les premiers jours, mon cousin me fit découvrir un groupe d’expatriés européens qu’il avait rencontré au fur et à mesure du séjour. Il y avait entre autres un DJ coké 24h sur 24 qui vivait au Mexique, une Espagnole en mission humanitaire qui dormait chez des bonnes sœurs, ou plus simplement, une Française qui bossait au SAV d’Apple. Ce groupe ne se serait jamais soudé en France, mais l’expatriation donne des ailes : chaque jour, au détour d’un bar ou d’un restaurant, ou même d’un lavomatique, je rencontrais des nouvelles personnes, toutes animées par cette frénésie sociale symptomatique du traumatisme post-confinement, et du sentiment d’impunité qui nous unissait alors.
Quelques jours plus tard, mon cousin prit deux jours de congés, pour aller sur une île Grecque à une heure d’Athènes. Ces deux jours furent sûrement les plus agréables de mon séjour : le COVID avait alors complètement disparu (personne ne portait de masque sur l’île), la température était parfaite, l’eau était claire et agréable, et les habitants étaient adorables. Le deuxième jour, un petit bateau nous amena sur une île déserte, habitée par des daims et des paons, en compagnie d’un groupe de belges. Une fois arrivés, après une bonne heure d’escalade, en haut de l’île, chacun de nous resta bouche bée, à contempler le paysage sauvage et escarpé, et l’immense étendue d’eau turquoise qui nous entourait. En redescendant, j’eus l’impression de quitter un rêve, de revenir sur terre, mais ma fidèle enceinte parvint à me faire rester quelques temps dans cette bulle paradisiaque, en contemplant les vagues bleues (grosse dédicace à GSLR !).
Ce bouillon de culture, de rencontres, et de découvertes, fut tristement brisé par l’annonce d’un pré-confinement : les musées, bars et restaurants fermèrent du jour au lendemain, et un confinement total était pressenti dans les jours à venir. Je m’étais alors imaginé passer la totalité de la durée du confinement français en Grèce, avais même trouvé une amie avec qui me mettre en colocation, mais mes plans tombèrent du jour au lendemain dans l’eau poisseuse du COVID.
Ce salaud finissait toujours par me rattraper…
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