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15 septembre 2022

Une reine inattendue, un héritier inattendu

Dès sa naissance, elle était destinée à être la 3eme à accéder au trône. Elle n’était pas destinée à être monarque. 

Elizabeth de York, est née le 21 avril 1926 à Mayfair, Londres, fille du duc d’ York, second enfant du roi George V et de la Duchesse de York, de la famille Bowes-Lyon. 

Après la mort de son grand-père, George V, en janvier 1936, son oncle Edouard, Prince de Galles, devient roi sous le d’Edouard VIII. Son règne fut particulièrement court : suite à une crise constitutionnelle concernant son désir d’épouser l’Américaine Wallis Simpson, il décida d’abdiquer  en faveur de son frère Albert, le duc d’York. En décembre 1936, son père devient donc le roi George VI. Et en tant que première fille, elle devient, à peine 10 ans, la nouvelle princesse héritière, c’est-à-dire la prochaine à monter sur le trône. 

Reine à seulement 25 ans ! 

En 1947, Elizabeth et Philip Mountbatten, le duc d’Edinburgh, ancien Prince de Grèce et du Danemark se marièrent à Westminster Abbaye et furent nommés le duc et la duchesse d’Edinburgh. Leur premier fils, le Prince Charles arriva l’année suivante, et ses frères et sœurs suivirent : La Princesse Anne en 1950, le Prince Andrew en 1960 et le Prince Edouard en 1964. 

Lors d’une voyage diplomatique au Kenya avec son mari en février 1952, son père, le roi George VI décéda des suites d’un cancer des poumons. Elle fût nommée nouvelle reine d’Angleterre et du Commonwealth le mois suivant à l’âge de 25 ans, comme la reine Elizabeth II. Elle fût couronnée 16 mois plus tard, en juin 1953, après une période de deuil. Petite anecdote : le Premier Ministre de l’époque, Winston Churchill, s’était opposé à la diffusion de son couronnement à la télévision. Ce fut le premier couronné filmé et traduit en 44 langues ! 

Le Commonwealth

 Le Commonwealth est une association politique de 54 États, issus pour la plupart de l’ancien Empire britannique, qui est passé de 8 à 54 pays sous son règne. Le monarque d’Angleterre joue donc un rôle purement symbolique en tant que chef du Commonwealth, mais il ne faut pas en faire abstraction. En effet, en 1961, la reine Elizabeth II s’est rendue au Ghana pour une visite officielle, malgré les nombreuses tentatives d’assassinat auxquelles le président Kwame Nkrumah avait dû faire face, ce qui la mettait en danger. Sympathisant avec l’URSS et sur le point de quitter le Commonwealth, le Ghana resta finalement dans le Commonwealth et  se souvient de la visite de la reine comme d’un succès. Les photos de sa célèbre danse avec le président Kwame Nkrumah firent la une des journaux.

Bien que le Commonwealth représente un héritage compliqué, même les républicains les plus farouches, comme le Premier ministre australien Anthony Albanese, ont affirmé la “décence intemporelle” de Sa Majesté à sa mort. Ainsi, la plupart des pays ont entamé une période de deuil en souvenir de la reine Elizabeth II, même si certains, comme l’Inde, ont eu des réactions mitigées. En effet, bien que la plupart des pays de l’ancien Empire britannique aient accédé à l’indépendance sous son règne, on estime à juste titre qu’elle a freiné la décolonisation.

Mauvaise presse : du quotidien hors du commun aux tentatives d’assassinat

En 1969, dans le but de donner une image plus humaine de la monarchie, Sa Majesté a invité des caméras dans le palais de Buckingham, afin de montrer la vie quotidienne de la famille royale. Le documentaire de 2h, intitulé “Royal Family”, a été diffusé par la BBC et vu par plus de la moitié de la Grande-Bretagne. Des critiques s’ensuivent, notamment le sentiment d’une banalisation de la royauté et d’une famille royale dépeinte comme déconnectée de son temps. Elle l’a finalement interdit en 1972, bien que certaines parties soient encore disponibles. Au cours de la cérémonie du “Trooping the Colour” en juin 1981, on lui a tiré dessus à 6 reprises, avec ce qui s’est avéré être des balles à blanc, mais elle a réussi à ne pas tomber de son cheval et est restée indemne. En octobre, lors d’une visite en Nouvelle-Zélande, un autre homme a tiré un coup de fusil mais l’a manqué. 

40 ans sur le trône, divorces et cœur de verre 

Lors de son discours de célébration de ses 40 ans de reine, elle qualifia l’année 1992 “d’annus horribilis”. En effet, en mars, le Prince Andrew se sépara de sa femme Sarah Ferguson, en avril la princesse Anne se sépara aussi de son maru Mark Philippss, en décembre, ce fut au tour du Prince Charles et de Lady Diana après onze de mariage et de scandale. De plus, en novembre, un incendie a presque entièrement détruit le château de Windsor – 36 millions de livres ont été nécessaires pour le sauver.

Le 31 août 1997, seulement un an après son divorce, Lady Diana fût retrouvée morte dans un accident de voiture à Paris alors qu’elle tentait d’esquiver les paparazzi. Malgré l’onde de choc que sa mort a créée, la reine a refusé ses funérailles royales, déclarant qu’elle avait officiellement quitté la famille royale. En outre, aucun drapeau n’a été mis en berne sur le palais de Buckingham. L’image de la reine fut brisée. Elle s’exprima enfin publiquement la veille des funérailles de Lady Diana, ce qui contribue à apaiser l’hostilité du public à l’égard de la couronne.

Visite unique en Irlande

En mai 2011, lors d’une visite en Irlande sous invitation de la première ministre Mary McAleese, elle fut la premier monarque britannique à se rendre en Irlande depuis son indépendance… quatre-vingt-dix ans plus tôt !

La fin d’une ère 

En septembre 2015, elle devient la monarque ayant servi le plus longtemps son pays, battant son arrière-grand-mère la reine Victoria, avec 63 ans de règne. 

Après la mort du Prince Philip en avril 2021 au château de Windsor, une période de deuil de 8 jours a été instaurée, et une photo émouvante a été prise de la Reine, seule devant le cercueil de son mari en raison des restrictions liées à la pandémie. Il n’a pas pu bénéficier de funérailles nationales.

Cette année, elle a célébré son jubilé de platine pour ses 70 ans sur le trône, 4 jours de fête dans tout Londres, avant de s’éteindre le 8 septembre et de laisser son fils Charles, prince de Galles, lui succéder sur le trône.

Son héritage est riche. Bien que des scandales au sein de la famille royale, des difficultés économiques et sociales pour la Grande-Bretagne et des sentiments mitigés de la part des pays du Commonwealth aient marqué son règne, il est indéniable que son règne de 70 ans sur le Royaume-Uni et le Commonwealth laissera sa mémoire vive. Désormais, après la reine Elizabeth II, la monarchie doit relever le défi de son image. 

Article écrit par Claire Selosse, membre de Streams.

 

 

 

 

 

 

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