Posted in Sport, Vie de Campus
23 octobre 2015

Le Club Foot tient sa première victime de la saison

par Clément Reuland
22/10/2015, Poules de qualification pour le championnat de France, 1ère journée

ESIEE 0-4 Club Foot ESCP Europe

Buteurs : Charles Salvannet (18e), Lars Blokstra (44e), Etienne Fournier (54e), Edoardo Magnato (68e).

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Immobile devant sa cage, Alexandre Douillet attend, dans cette posture typique du footeux dépité : les mains sur la taille, debout, les pieds écartés, légèrement plus en appui sur une jambe que sur l’autre. Mais contrairement à Victor Valdès, figé dans la même pose après en avoir pris quatre dans le buffet contre le Bayern un soir d’avril 2013, ou contrairement au Julio Cesar médusé qui en a encaissé « sept à la maison » face à l’Allemagne, Alex n’a rien laisser filer dans son but cet après-midi. Parce que pour le tromper, il faudrait déjà que l’équipe adverse frappe au but. Ce qu’Alex attend donc si désespérément, c’est une occasion, même dégueulasse, qui l’obligerait à faire une parade, – ou ne serait-ce que jouer un peu au football, histoire de ne pas avoir sorti l’équipement pour rien. Mais Alex attendra en vain, et l’occasion ne viendra jamais.

Alex, blasé de voir ses coéquipiers le priver de ballons en malmenant ses adversaires

Au-dessus, tout simplement

Avec zéro tir concédé, c’est donc peu dire que le Club Foot a marché sur l’ESIEE, à qui l’on a même eu du mal à dire « bon match » au moment de leur serrer la main après le coup de sifflet final. Quatre buts marqués, deux par mi-temps, le CF a fait les choses proprement, sans se presser ni s’affoler sous son nouveau maillot Nike plutôt classou. Positionné en 10, Charles a d’abord montré la voie, suscitant chez ses coéquipiers l’habitude de le voir planter tous les pions du CF. Mais Lars, fraichement entré en jeu en fin de première mi-temps, puis Etienne, après un dribble indécent passé au gardien adverse, et enfin Eduardo, sur un corner direct lumineux, se chargeront par la suite de lui faire baisser son ratio personnel. Aussi le CF a-t-il maîtrisé son sujet du début à la fin, face à une équipe aux abois, non seulement dépassée physiquement, mais aussi dépourvue de leader technique, et par conséquent inférieure dans tous les compartiments du jeu, y compris dans l’engagement physique.

Car même dans ce domaine, souvent l’apanage des équipes aux pieds qui piquent, le CF a montré qu’il en voulait, tout particulièrement par l’intermédiaire d’un Eliott Allouche auteur dès la troisième minute d’une intervention que les spécialistes qualifieront de « découpe en mode sévère ». Aucun état d’âme de la part de l’ami EA3 au moment de cisailler ce pauvre type, qui était peut-être le Zizou de l’équipe, qui sait… Mais déjà privée de ses principaux cadres, et avec un joueur supplémentaire sur le flanc – dont le genou se trouve encore sur la pelouse de Créteil –, l’ESIEE a dû procéder dès l’entame du match à son premier (et dernier) changement, vidant du même coup son banc, sans autre alternative. C’est donc à onze que nos adversaires du jour ont été contraints de subir jusqu’au bout et sans turnover les vagues offensives du CF, tandis que les gestes joga bonito se multipliaient côté scépien : un sombrero en aile de pigeon de Pierre « briseur de reins » Donati, un autre de Louis « je décuve ma préchauffe JE » Vendel, dos à son vis-à-vis ; un wagon de passes léchées à la Toni Kroos signées Etienne, des récupérations rugueuses à la pelle de Filippo… La faible opposition proposée par cette équipe encore en manque de repères a donné l’opportunité au CF de se lancer dans la compétition par un match de rodage, et les gars en bleu ciel s’en sont servis à merveille pour créer leurs premiers automatismes en situation réelle.

Respectez-vous, putain…

Pourtant, si l’on peut reconnaître à nos premiers adversaires de la saison officielle un goût certain pour la coopération au service de leur propre poutrage par nos ouailles, nous nous devons quand même de mettre un bémol à l’excès de zèle dont ils ont fait preuve. Parce qu’on veut bien que les absents aient été nombreux de leur côté, mais il y a des limites à ne pas dépasser : venir nous voir avant le match pour nous demander si nous n’avons pas des gants de gardien, insulter la génitrice (bénie soit-elle) de notre vénéré capitaine Gagneux, puis changer trois fois de goal en 90 minutes en faisant tourner des joueurs de champ à ce poste comme s’il s’agissait du tournoi de sixte du collège, c’est trop. Messieurs de l’ESIEE, nous ne saurions trop insister sur l’incroyable manque de fair play que représente cet effort mesquin pour décrédibiliser une victoire pourtant acquise avec talent et mérite, en vous faisant passer – foutu pour foutu – pour plus peintres que vous ne l’êtes, sous prétexte que vous vous faîtes proprement déboîter la gueule. C’est donc sans craindre d’offenser qui que ce soit, mais avec l’envie de montrer à nos adversaires du jour qui de nous et d’eux respectent le moins l’autre, que Coach Nico s’est décidé à dix minutes du terme à faire monter le vaillant Lepage, jusqu’alors défenseur central, au poste d’attaquant de pointe. Le Club Foot ne pourra donc malheureusement pas s’appuyer sur ce match comme une référence pour préparer les futures échéances, qui s’annoncent plus corsées. Mais en attendant, avec quatre buts de ses nouvelles recrues, le CF se donne le droit de croire en une grande saison et garde ses bonnes vieilles habitudes, dans le maintien de notre esprit de toujours : ne pas se contenter de battre l’adversaire, mais lui marcher dessus… « Les 4 points et salut ».