Paulette Zoute
Le trio Paulette Zoute : Pauline Foussat , Alix Veilhan, Jenna Renouard
Paulette Zoute, c’est une marque d’accessoires brodés main très cool créée par trois copines de lycée, le tout made in France. Au-delà de l’image d’un collectif fun et décalé qui projette son univers sur les réseaux sociaux, nous sommes allés à leur rencontre pour comprendre leur projet. Comment ça marche, d’avoir sa propre marque à 20 ans ?
Est-ce que vous pouvez me raconter d’où est né Paulette Zoute ?
Pauline : Moi j’ai fait une école de couture, j’ai commencé à faire de la broderie et je me suis brodé un sweat, j’ai appris à Jenna… Maintenant elle m’a presque dépassée, elle brode mieux que moi.
Alix : Au départ, Pauline fabriquait des nœuds papillons, à l’époque où c’était encore cool d’avoir des nœuds papillons multicolores…
Pauline : Puis après on a commencé à faire des sweats brodés, on s’est un peu emportées, et maintenant on se débrouille. En vérité, c’est né d’une amitié et de l’addition de tous nos talents.
C’était quand ça ?
Pauline : 2013 ?
Alix : Fin de lycée quoi…Là, ça fait trois ans qu’on fait ça intensément.
Pauline : Avant on était en cours, on avait moins le temps.
Concrètement, vous faites quoi au quotidien ?
Pauline : Généralement, on organise une vente, on trouve un objectif et à partir de ça on fait de la création… Là, on organise une vente d’été. On a aussi fait une exposition.
Jenna : Au quotidien, il faut gérer les stocks, les commandes, les fournitures, trouver des fournisseurs, faire les patrons…
Quels supports utilisez-vous le plus ?
Alix : Instagram, qui nous assure une présence virtuelle quotidienne, Facebook, le site, et les ventes de temps en temps. Cette année ça sera la première vente d’été, sinon on a déjà fait trois ventes de Noël.
Donc Alix, c’est toi qui dessine …
Alix : Oui, on essaye d’alimenter chaque jour le compte Instagram : célébration d’événements qui ont lieu le jour même, les anniversaires des personnalités qu’on aime bien. Par exemple la sortie de « Toxic » de Britney Spears c’était un hommage qu’on avait envie de rendre, ou encore on a illustré la semaine hommage à Jacques Demy pour la Revue Watt, qu’on relaye sur notre Instagram… On a aussi fait des dessins pour la mort de George Michael, Prince ou David Bowie cette année, et rendu hommage aux premières diffusion des Simpsons, à la première apparition de Mickey ou Snoopy … Autrement, je dessine les imprimés et les modèles de broderie.
C’est quoi exactement cette histoire de Stuffle Sauvage ?
Pauline : C’est Alix qui a créé le Stuffle Sauvage.
Alix : J’ai toujours dessiné, depuis super longtemps, des animaux, des chiens, des cochons, parce que c’est plus facile à faire… Le Stuffle Sauvage c’est une pure invention, née en 2008, et c’est un peu notre mascotte. Par contre Paulette Zoute n’est pas que le Stuffle Sauvage !
Paulette Zoute, c’est une marque déposée, et au niveau des dessins ?
Jenna : En fait, on les a protégés, donc les gens ne peuvent pas les réutiliser, ni s’en inspirer de trop près.
Alix : Au début de l’année, un mec à Orlando a taggué une cochonne Paulette Zoute que j’avais dessinée, et a posté la photo sur Instagram. C’est super que des gens se réapproprient le dessin, ça le fait vivre et c’est une sorte d’honneur que de se faire reprendre. Heureusement, il nous a créditées, mais quand tu vois ça, tu te dis qu’en fait ton discours existe à part entière sur Internet, tout le monde peut l’utiliser sans que tu sois au courant.
Quand la marque sera plus importante, ça sera un des enjeux : maitriser la communication et nous protéger.
Quand on lance une marque, on est enjoint à être hyper présent sur les réseaux sociaux, mais en même temps la photo ne t’appartient plus, c’est comme Facebook qui récupère tout. Les réseaux sociaux, c’est super pour se lancer. Ca profite aux petits qui ont pas les moyens traditionnels de se faire de la communication, mais il y a un revers de la médaille, l’idée de propriété intellectuelle n’existe pas sur le même mode…
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Alix : En terme de musique, Bowie, NTM, Tina Turner, la Soul, Amy Winehouse, Daho, les premiers albums de Beyoncé, Alain Souchon, Véronique Sanson, Régine, Madonna, les Spice Girls, Ol’Dirty Bastard, Ginuwine… Sinon, Snoopy, Hello Kitty et d’autres personnages dessinés, les dessinateurs comme Jean Belluz ou Peynet, les comédies musicales ( Jacques Demy, Cry Baby), les playmates, les pin up comme Betty Page… Mais aussi les équipes de foot de France et d’Angleterre, les photos de Martin Parr, de Chris Stein, ou Pierre et Gilles…
Où est-ce que vous faites produire ?
Pauline : Nous, on fait la couture et broderie, donc c’est totalement Made In France. Maintenant on voudrait faire des foulards, par contre les fournisseurs ne sont pas en France, mais tout de même en Europe. C’est dur de trouver des fournisseurs qui font de petites quantités, on a pas intérêt à commander 500 exemplaires, c’est trop, on est pas Chanel non plus.
Alix : En plus, la broderie est faite main, pas à la machine. Nous c’est made in France et tout à la main.
Que faut-il financer ?
Pauline : L’impression des tissus, les tissus eux-mêmes , les flyers, les cartes de visite, le site web (il est payant) on a notre domaine, les fournitures…
Alix : Mais par exemple, pour les shootings, on peut faire des photos clean dans l’atelier de mon père, et les deux premières ventes étaient chez Pauline.
Jenna : Quand on aura un autre statut il faudra payer les impôts… J’ai le statut auto entrepreneur, pour l’instant on fonctionne là-dessus.
Comment vous vous financez ?
Pauline : Principalement des fonds perso, c’est pour ça que Jenna et moi on travaille à côté ( ndlr : Pauline est l’assistance personnelle d’un homme dont elle préfère taire le nom, et Jenna travaille dans une boutique de lingerie). Cependant, à chaque vente, on a fait du bénéfice, donc on ne perd rien. On utilise ce qu’on a gagné de la vente précédente, et on rajoute avec nos fonds personnels. Ca peut monter haut.
Jenna : On a aussi fait un imprimé pour la Prestic Ouiston, qui nous a rapporté.
Alix : C’est marque de prêt-à-porter en soie, haut de gamme, avec beaucoup de pièces uniques et d’imprimés… On nous a demandé de jouer sur le thème Paris, local, « that’s my people » (en hommage à NTM) : on a fait comme une galerie, avec la façade de l’Hotel Amour, ou encore des gens qui font la queue chez Colette, des bobos avec les cheveux dans les yeux, des bonnets… Ca nous a donné des petits coups de pouce, puisqu’on a vendu le dessin.
Et puis, cela nous a permis d’être citées dans un numéro de Elle. On a aussi eu une pleine page dans Tsugi avec une photo de nos œuvres brodées, à l’occasion de l’exposition Brod’n’rock à la Maroquinerie.
C’est quoi les plus grosses difficultés que vous rencontrez dans votre activité ?
Jenna : Principalement le manque d’aide à la création d’entreprise.
Alix : A chaque fois qu’on s’est en remis à des institutions, c’est compliqué, parce qu’on est trois, alors c’est assez difficile d’accéder à des formations.
Pauline : On avait rendez-vous à la chambre du Commerce, la dame ne comprenait rien, au bout d’une heure et demie elle nous a demandé si on voulait ouvrir une usine de textile.
Jenna : Notre vrai problème c’est trouver comment avoir des aides financières, assister à des formations …
Alix : J’ai l’impression que si t’es un mec tout seul qui veut lancer une application c’est beaucoup plus pratique. Par exemple, Pépite c’est toujours un peu axé sur les nouvelles technologies, quand tu veux faire quelque chose qui relève de la mode, t’as tout de suite moins d’opportunités…
Et puis surtout, on est super exigeantes sur les produits, peut-être qu’en ce qui concerne la vente et la communication on pourrait être plus efficaces, mais pour nous c’est la phase batarde, on a jamais vraiment appris ..
Quels sont vos objectifs pour 2017 ?
Alix : Maintenant, on aimerait être distribués par d’autres magasins, et pourquoi pas lancer une nouvelle collection tous les six mois …
Pauline : Actuellement, nous sommes en gros brainstorming pour la collection printemps-été.
Alix : On voudrait trouver des boutiques pour avoir un revenu stable, avoir un statut plus clair…
Pauline : Avoir une publication hebdomadaire ou mensuelle dans un magazine, en rapport avec l’actualité, un dessin comme sur notre Instagram… Par exemple d’un selfie de Kim Kardashian…
Alix : Ou même carrément ce qu’on fait sur Instagram, de l’illustration de presse normale version mais version Paulette Zoute.
Jenna : En gros, donner de la visibilité au dessin.
Alix : C’est à mi-chemin entre des produits dérivés et des créations à part entière. Nous par exemple, quand on fait un imprimé c’est comme un imprimé Snoopy, sauf qu’on est pas assez connues. Donner de la visibilité au dessin, ça permet d’attirer le regard des gens sur la broderie, et vice-versa: sans la broderie, on n’est plus vraiment PZ, et c’est pareil pour les dessins.
Votre best-seller ?
Alix : On renouvelle assez souvent mais la constante : c’est le sac, il est doublé et il y a une pochette intérieure, et la pochette. Les deux sont brodés ou imprimés.
Est-ce que vous pouvez résumer PZ en cinq mots ?
Alix : Broderie.
Pauline : Amitié, dessin… et puis aussi, on rigole, on fait des trucs qu’on trouve marrants, on a envie que ce qu’on fait nous fasse rire.
Alix : On ne s’est jamais forcées à faire un truc qui ne nous plaisait pas… Le fait de monter une entreprise, c’est un moyen pour s’exprimer, mais pas une fin en soi.
Site web : http://www.paulettezoute.com/PauletteZoute
Page Instagram : https://www.instagram.com/paulettezoute/