Chassol : “Big Sun”, ou l’aboutissement de la musique concrète
par Alexis Delozanne
Christophe Chassol fait partie des artistes qui laisseront une empreinte sur la musique électronique. Compositeur de musiques de films, chef d’orchestre, virtuose au piano il assiste au cours des années 2000 Sébastien Tellier et le groupe Phoenix en tant qu’ingénieur son. Depuis quelques années Christophe Chassol se fait connaître du grand public en tant que « Chassol ». En 2011, « Nola Chérie » sort et marque le début d’une trilogie musicale qui s’est achevée en mars. Véritable ovni musical, on commence à recevoir Chassol sur des festivals de jazz, de musique électronique.
Tout a commencé aux Etats-Unis, lorsque Christophe Chassol obtient une bourse pour étudier la musique à Boston. Il commence alors à filmer et à photographier des événements comme le carnaval, les marchés. Il se rend compte des possibilités que lui offre la vidéo en tant que support visuel et audio pour immortaliser une ambiance. Amateur de jazz il se rend en Louisiane et y réalise son premier « tournage musical ». Il continue deux ans plus tard en Inde et réalise le film album « Indiamore ». Le public retiendra le titre génial « Music is god my love ».
Avec son équipe de montage et son ingénieur son, il part à la découverte de la musique environnante. Chassol harmonise le réel, il enregistre tous les sons qui attirent son attention et les retranscrit sur son clavier. Il superpose alors les pistes de son synthétiseur et celle de la réalité. Il capture le bruit des oiseaux, la musique d’une conversation et la séquence pour l’encrer dans une dynamique rythmique. Le son est indissociable de l’image comme la musique de la réalité. Big Sun marque l’apogée du procédé d’harmonisation.
La force de Chassol est de conformer cette musique inaccessible au commun des mortels aux codes actuels de la musique électronique ou indépendante. La musique concrète existait avant Chassol, mais elle était davantage destinée à la musique expérimentale. Dans son dernier album Chassol parvient à la doser avec son sens de la mélodie tiré des compositeurs qui l’ont influencé (François de Roubaix, Ennio Morricone, Stravinsky).
Sorti en mars, ce quatrième opus marque l’apogée du concept créé par Christophe Chassol. Dernier volet d’une trilogie entamée en 2011 avec « Nola Chérie » et poursuivie plus tard avec « Indiamore ». Film et album à la fois, Chassol revient dans cet album sur ses origines martiniquaises. Après la Nouvelle Orléans et l’Inde c’est un voyage musical dans l’espace antillais qu’il nous propose.
Accompagné sur scène par son percussionniste, Chassol est sur son clavier. Derrière les deux musiciens sur un écran géant sont projetées les images des Antilles d’où nous vient cette musique qu’on situerait plus dans un film de science fiction.