28 janvier 2021

Épicure, premier écolo de l’Histoire ?

Le consommateur, acteur économique central.

Le cycle économique est rythmé par trois pôles. La production, la consommation et la mise en valeur des déchets productifs. Le pôle central est la consommation, c’est pour alimenter son dynamisme que se développent et s’organisent les deux autres. La quantité produite et recyclée dépend de la quantité exigée à la consommation. La qualité produite et recyclée dépend de la qualité exigée à la consommation. Le consommateur est donc l’acteur majeur du cycle économique.

La théorie de la filière inversé (JK Galbraith) explique que c’est l’entreprise (le producteur) qui influence le consommateur pour qu’il choisisse le produit qu’elle propose et non l’inverse. Cette influence existe belle est bien. Néanmoins s’y référer systématiquement est une négation de la souveraineté individuelle. L’importance relative de la filière inversée est en réalité un indicateur de l’éthique des consommateurs. Sous hypothèse de souveraineté individuelle, le consommateur est responsable de la qualité et de la quantité produite et recyclée. Or l’impact environnementale du cycle économique dépend de la quantité et de la qualité produites et recyclée. Donc, sous hypothèse de souveraineté individuelle, le consommateur est indirectement responsable de l’impact environnemental du cycle économique.

Epicure, précurseur de l’éthos du consommateur responsable et heureux

L’impact environnemental global est égal à la somme des impacts environnementaux individuels, et donc indirectement à la somme des comportements de consommation individuels. La consommation éthique est donc celle qui s’ajuste en fonction de son impact environnemental global (Quel serait l’impact de mon éthique de consommation si tous les consommateurs d’un territoire donné avaient la même ?).

L’impact environnemental global dépend, on l’a vu, de la quantité et qualité consommées. Epicure proposait déjà une éthique de consommation réglée sur les critères de quantité et de qualité, à la hauteur du défi écologique contemporain. Épicure (Lettre à Menecée, IVe siècle av JC) distingue les désirs en fonction de leur capacité à faire effet de plaisir, axiome fondamental de ce qui est bon pour l’homme. Ici nous étendrons la théorie épicurienne des désirs pour l’appliquer au défi contemporain, en supposant que tout désir est lié à un comportement de consommation. Il y a les désirs naturels et nécessaires, les désirs naturels seulement, et les désirs non naturels et non nécessaires. Pour être heureux (être dans le plaisir) il faut suivre nos désirs naturels et nécessaires, être modéré dans nos désirs naturels, se détacher de nos désirs non naturels et non nécessaires.

Alors quels sont les effets sur la qualité et la quantité consommées ? Les désirs nécessaires et/ou naturels sont finis, les désirs non nécessaires et non naturels sont infinis. Donc en suivant cette éthique, la quantité consommée fait l’objet d’une stricte limitation aux nécessités matérielles. Ce qui est nécessaire est selon Epicure, facile à se procurer, pas transformé, brut. La qualité consommée est donc majorée lorsqu’elle suit le principe de nécessité et de naturalité. Il y a donc adéquation entre la valeur humaine (le bonheur) et la valeur environnementale (santé écologique).

Par Antonin Carbiener, rédacteur Streams

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