Petit florilège du scepien en partiels
Ça y est, nous y sommes. Le bout du tunnel, la délivrance, que dis-je, le nirvana. Après une semaine de combats intenses où les plus valeureux guerriers se sont distingués, chacun a pu regagner son logis, meurtri dans le corps et dans l’esprit. Bref, on a fini les partiels.
Comme vous le savez, le journaliste, même étudiant, sait garder à toute heure son œil vif et sa curiosité journalistique. C’est ainsi qu’au détour d’un test d’hypothèse, dans les recoins d’une dissertation sur Balzac ou au beau milieu de ses révisions, il a eu le loisir d’observer quelques individus types qui semblent se détacher de la population scepienne.
Voici donc pêle-mêle un aperçu de ce qui se fait de meilleur (ou de pire) dans nos rangs, ceux que vous avez forcément croisé, ceux que vous connaissez tous. Toute ressemblance avec des personnes réelles ne peut être que fortuite.
Le stressé : On commence par peut-être le pire de tous. Le stressé a passé toutes ses vacances à réviser chaque matière, mais surtout à dire au plus de personnes possibles : « je suis tellement dans la merde pour mes partiels, c’est horrible je vais surement finir à Turin ». Dès le premier jour d’épreuve, il arrive 45 minutes avant le début d’examen, parce que « on ne sait jamais il peut y avoir des imprévus. »
Avant le début de l’épreuve, il révise frénétiquement ses fiches bristol, assis dans le couloir. Il est ensuite le premier à s’engouffrer dans sa salle et à se précipiter à sa place. Il a en effet besoin de temps pour sortir ses quatre stylos et ses douze cartouches parce que, là encore, « on ne sait jamais ». Une fois le coup d’envoi de l’épreuve lancé, il demande alors immédiatement une copie supplémentaire, ainsi que trois feuilles de brouillon.
A la sortie de chaque épreuve, le constat est le même : « c’était carrément impossible, j’ai complètement loupé ». Bien évidemment, il validera son semestre haut la main, et feindra l’étonnement devant son 20 en compta et son 18 en stats.
Le naïf : le naïf est serein au moment d’aborder ses partiels. Un M1 de son asso lui a affirmé sans l’ombre d’un doute que oui, trois jours de révisions étaient « largement suffisants » pour valider son semestre. Il a aussi cru cet autre M1 selon qui « les formules en marketing ça ne tombe jamais ». La claque est donc de taille à la lecture des sujets : ses maîtres M1 n’auraient donc pas la science infuse ? Il ne peut le croire.
Le saint : le saint est un élève sérieux. Il a scrupuleusement pris en note chacun des cours auxquels il s’est rendu (c’est-à-dire quasiment tous), et a réalisé des fiches sur chaque matière (oui oui, même humanités et management). Mais le saint ne s’arrête pas là. En effet, il va de son plein gré partager ses fiches avec ses camarades, parmi lesquels le branleur et l’opportuniste, qui se révèleront soudainement des amis de toujours du saint. Comme quoi les partiels, ça rapproche.
Le réaliste : le réaliste est l’antithèse du naïf. Il ne se fait aucune illusion sur ses chances d’éviter les rattrapages de stats (s’il valide le marketing, c’est déjà pas mal). Le réaliste ne s’est donc pas fatigué à réviser chaque matière jusqu’à 4 heures du matin. Il est pleinement conscient de ses capacités, et c’est donc la conscience tranquille qu’il a quitté son épreuve de statistiques après avoir répondu en tout et pour tout à deux questions. Selon ses propres dires, « je préfère être honnête avec le prof, ça ne sert à rien d’essayer de l’enfumer ».
Le branleur : peut-être le seul membre de cette liste dont je peux affirmer qu’il est connu de chacun de mes lecteurs. Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la hantise de tout étudiant un tant soit peu sérieux : parasite, passager clandestin (pardon, free rider), ou autres noms fleuris que je préfère taire en ces lieux. Le branleur avait pourtant du temps devant lui, fort d’un investissement repoussant les limites du néant dans chacun des projets de groupe où il est d’ailleurs persona non grata depuis septembre. L’efficacité de ses nombreux amis (le branleur est très populaire) en imitation de signature ayant ses limites, le branleur a déjà 3 rattrapages devant lui, et est déjà incollable sur le prix de l’immobilier turinois.
L’opportuniste : l’opportuniste pourrait être assimilé à l’évolution Pokemon du branleur. S’il n’a pas accordé plus de 15 minutes à ses cours durant le S1 (l’opportuniste est parfois listeux), il a alors été pris d’une bouffée de volonté 4 jours avant le début de ses partiels. C’est donc armé des plus belles fiches du saint, des annales récupérées dans toutes les assos de la Scep (pas uniquement les siennes bien sûr, l’opportuniste a des relations), et d’une collection complète de stabilos collectés dans les trousses de ses camarades qu’il se précipite à la bibliothèque. Quel plaisir pour lui de retrouver le lieu de ses révisions printanières, mais surtout d’arborer fièrement son pull ESCP devant les préparationnaires qui l’entourent.
Le membre de Streams : le meilleur pour la fin bien sûr. Il a affirmé pendant toutes ses vacances à ses amis et sa famille qu’il préparait un « papier » (que dis-je, une série de chroniques !) pour l’importante association étudiante dans laquelle il est fortement investi. Il leur a vanté une étude sur l’histoire mouvementée du Cambodge (oui il a passé de bonnes vacances, merci) ou bien une interview sensationnelle. Oui mais voilà, le membre de Streams a été rattrapé par la réalité (il a eu des partiels figurez-vous), et sa réflexion bouillonnante accouchera donc d’un vulgaire Top, se rapprochant plus de Vice ou Topito que du Monde.