Le Bourbier de Séville revisite avec cœur la comédie musicale au Déjazet
Par Tanguy Chapin
La CoMu, association étudiante de l’ESCP Europe, a enchanté le théâtre parisien. Les bénéfices de ce spectacle haut en couleur seront reversés à l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque.
Vendredi soir. 20h30. 41 boulevard du Temple. Les spectateurs garnissent progressivement les rangs de cet écrin unique, seul rescapé de la métamorphose haussmannienne de la capitale.
Avant le début de la représentation, le metteur en scène Jean-Claude Longo prend la parole quelques instants. Sa mission ne devait être qu’une pige éphémère. L’alchimie artistique opère finalement depuis plus d’une décennie. Le capitaine conjugue essentiellement au pluriel pour décrire la traversée de ce « bateau vivre » si singulier. Une représentante de Mécénat Chirurgie Cardiaque monte ensuite sur scène et rappelle la portée caritative de cette œuvre étudiante. Plus de 2500 enfants sauvés depuis 1996. Ce soir, l’art portera l’entraide.
Le rideau bordeaux s’ouvre alors. Victimes il y a quinze ans d’un complot fomenté par leurs épouses, Juanes et Ortiz veulent reconquérir Séville. Malheureusement pour eux, les conspirations et trahisons de la cité andalouse compliqueront leurs plans initiaux. Leur reconquista sera rocambolesque… pour notre plus grand bonheur.
Impossible d’attribuer une unique teinte à ce spectacle multiforme. Rythmé, coloré, drôle. Rock ‘n’ roll, jazz, hip-hop. Cependant, un élément transparaît nettement au sein de cette mosaïque artistique : la prodigieuse énergie créatrice de cette jeune troupe. Le détonnant alliage de références classiques et modernes que les « Comusards » ont su construire en est une parfaite illustration.
La musique et la danse furent en totale synergie. Le chant et le théâtre se complétèrent parfaitement. Ce fut donc une première sans le moindre accroc face à un public conquis, alternant entre les rires, l’émotion et les applaudissements.
Cette œuvre invite, l’espace de trois heures, à s’éloigner du bourbier quotidien pour un autre, bien moins pesant. La communion finale était limpide : l’assistance n’avait nullement envie de quitter l’impasse sévillane.
Le premier chapitre de cet inclassable livre s’est pourtant refermé. Mais la lecture est loin d’être terminée. Ce soir et demain, les membres de la troupe feront à nouveau vivre la salle mythique à leur manière, pleine de vie et d’envie. Pour le plus grand dramaturge de l’histoire, le monde entier est un théâtre. Si tel est le cas, on aimerait qu’il soit celui d’hier soir.
Le Bourbier de Séville
Samedi 6 mai à 20h30 et dimanche 7 mai à 14h
Théâtre Déjazet, 41 boulevard du Temple (Paris)
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