Pékin accueille les JO : pour le meilleur et pour le pire
Pour leur 24eme édition, les JO d’hiver se déroulent à Pékin dans un quasi huis clos alors que ce choix suscite de nombreuses polémiques entre boycott, un protocole sanitaire trop strict et un coût environnemental indécent.
L’origine des Jeux Olympiques remonte à l’Antiquité, 776 av JC exactement, pour des raisons mythologiques, ils étaient célébrés tous les 4 ans à la mémoire du Dieu Zeus. Mais ce n’est qu’en 1894, que l’historien français Pierre de Coubertin lance le projet de rénover les JO, donnant naissance au Jeux Olympiques de l’ère moderne, célébrés pour la première fois à Athènes. En ce qui concerne les JO d’hiver, la première édition a eu lieu à Chamonix en 1924 et ne concerne que des sports d’hiver tels que le ski de fond, le patinage artistique, le hockey sur glace et le saut à ski.
Cette année, c’est la capitale chinoise, Pékin qui accueille les XXIVes JO d’hiver du 4 au 20 février 2022 avec plus de 3 000 sportifs pour un total de 109 épreuves. Cependant, pour cette édition l’enjeu sportif est presque secondaire, en effet Pékin cherche davantage à imposer son jeu dans un climat géopolitique, sanitaire et écologique glacial. La Chine attendait avec impatience ces JO, vus comme un espoir de retour à la normale “post pandémie” dans le pays épicentre de l’épidémie. Mais avec la progression du variant Omicron et la stratégie “Zéro Covid” imposée par la Chine, pour les athlètes et participants, entrer dans la bulle sanitaire chinoise « Zéro Covid » est vite devenu déroutant. Même une fois sur place, les contrôles sanitaires restent présents, tests journaliers, la non présence du public pour limiter les contacts entre les étrangers et la population locale, telle une bulle “impénétrable” dans laquelle sont les JO.
D’un point de vue sportif, ces JO n’ont pas vraiment de sens. Le Comité international olympique (CIO) est suspecté d’avoir été influencé par l’argent, en effet, la Chine a été un des seuls pays à accepter de prendre à ses frais l’organisation de ces JO 2022. Selon le biathlète français Quentin Fillon-Maillet, “C’est le business qui prend un peu le dessus sur l’âme de l’olympiade. Les Jeux olympiques on nous fait la promotion du partage, de l’équité, du respect et de tout ça pour finalement aller sur des sites qui ne sont pas forcément porteurs des vraies valeurs de l’olympisme. Il y a certaines histoires de gros sous.” Au-delà des aspects financiers, de nombreux athlètes ont aussi exprimé leur inquiétude face à un manque de culture de ski dans le pays accentué par l’absence du public lors des épreuves sportives. D’autre part, ce choix a aussi un impact écologique, bien qu’annoncé comme une des éditions les moins polluantes, les épreuves se feront à 100% avec de la neige artificielle, une première dans l’histoire des JO, étant donné que la région est très sèche. Mais quelles sont les conséquences sur l’environnement ? Cela représente 185 millions de litres d’eau consommés en 16 jours, soit la consommation annuelle d’une ville chinoise et beaucoup d’énergie basée sur des centrales à charbon extrêmement polluantes. De plus, une partie des épreuves se dérouleront dans la réserve naturelle de Songshan, qui a été à 25% détruite pour créer des pistes de ski … Encore une fois, le choix de Pékin semble incohérent.
Ces Jeux Olympiques posent également un problème géopolitique. Les relations tendues entre Pékin et l’administration Biden ont abouti à un boycott des JO de la part du représentant américain, qui ne s’est pas rendu en Chine comme le veut la tradition. Avec ces jeux, la Chine entend poursuivre sa stratégie de “Grande Séduction” (B. Courmont, 2009), entamée avec les JO de 2008 et qui consiste à renvoyer au monde l’image d’un pays moderne, prospère et ouvert à l’international. Reste à savoir si elle parviendra à tirer du positif de ces jeux, et faire fi de la mauvaise presse qu’on leur fait aujourd’hui.
Sources :
https://www.lemonde.fr/sport/article/2022/02/03/jo-2022-pekin-impose-son-jeu_6112228_3242.html
Cet article vous est proposé par Claire Selosse, membre de Streams