Ébahis devant Art Maniac pour Le comte de Monte-Cristo
Le Pharaon est arrivé !
Au fond de l’impasse Cité Joly, ruelle pavée du onzième, les lumières tombent et la musique monte à nouveau pour la troupe d’Art Maniac au Théâtre du Passage vers les Etoiles. Les cris des oiseaux de mer vous préparent à accueillir Edmond Dantès, sa mère, Mercédès sa fiancée à qui Fernand Mondego porte un amour amoral, la comptable Madame Danglars loin de se réjouir de son succès, sa voisine Caderousse la main à la bouteille, les Villefort et Morel pères et fils, ainsi que quelques amis.
Vous l’aurez compris : la troupe de l’ESCP qui n’a plus à faire ses preuves joue Le comte de Monte-Cristo (1844-1846) d’Alexandre Dumas, magnifiquement adapté au théâtre et mis en scène par Théo Riera et Ronan Heuzel avec talent, fidélité et passion.
Vous aurez la joie de voir un spectacle rôdé, mais déjà avoir vu les dernières répétitions a été un privilège : lorsqu’ils revêtent leurs costumes dans un léger brouhaha, lorsque les derniers murmures s’éteignent dans un silence rassurant et révérencieux, lorsqu’ils foulent les planches, notre œil critique n’a pu que ressentir la joie de donner vie à l’histoire, l’agitation et adrénaline des derniers préparatifs, la volonté d’offrir le meilleur, le tout saupoudré de la prestance qu’impose le lieu et d’une confiance complète les uns en les autres. L’union de la troupe a été des plus touchantes et les coulisses exultaient d’être remplies à nouveau.
A Marseille en 1815, à l’heure où Louis XVIII règne et Bonaparte est exilé sur l’île d’Elbe, Edmond promu capitaine du Pharaon sur le point de marier est arrêté et emprisonné, trahi par des amis jaloux – avec eux, qui a besoin d’ennemis ? Le jour le plus beau tombe dans la nuit la plus sombre. Dans son cachot du château d’If, alors que tournent autour d’eux l’inspectrice des prisons, la gouverneure et les gardes, l’abbé Faria – fou pour certains, ingénieux pour d’autres – est sa salvation. Une mer perfide, une échappatoire, une quête impromptue, de nombreux contrebandiers et faire fortune sans que la fortune ne lui sourisse : la troupe d’Art Maniac vous offre un joyau d’aventure et d’émotions alors qu’Edmond désabusé devient juge, ange et bourreau.
La beauté de cette représentation est dans les détails : costumes, musiques et lumières subliment un jeu déjà si naturel, aisé et assuré.
Second soir : aussi passionnée, personnelle et captivante, la troupe remonte sur scène. Boucle à l’oreille, vengeance à l’esprit et fier d’une justice personnelle, Edmond Dantès devenu Comte de Monte-Cristo – abbé à ses heures perdues – revient après quatorze ans au milieu de relations viciées, révélations et empoisonnements accompagné d’Haydée la fille d’Ali Pacha dont l’assassinat fera encore parler. Une joaillère et les Caderousse dans une sombre histoire, un enfant adopté et un meurtre avorté liant Bertuccia et Villefort, des montées en titre pour Danglars et les Morcerf, de l’argent et opulence à excès, des filles à marier à des partis plus ou moins acceptés, un inspecteur de prison, toujours plus de contrebandiers et un titre de Pair sur la sellette sont le cœur de ce second soir. La rigueur et le talent ne faiblissent pas : comme hypnotisée par l’aisance du jeu, il était inimaginable de penser manquer cette suite.
Si la beauté, le travail et le talent qui transparaissent n’achèvent pas de vous convaincre, c’est qu’il est difficile de mettre en mots la joie, l’alchimie, l’émotion sur scène et dans la salle, la poésie des textes, le jeu touchant et frappant des comédiens, la subtilité des lumières et la puissance des musiques. Le Passage vers les Etoiles est le lieu d’une parfaite coïncidence et d’une expérience subjuguante. Venez être ébahis.
Ceux que la pandémie a fait attendre pour dévoiler ce chef d’œuvre n’ont fait que se perfectionner. Hissez la grand-voile et levez le rideau. Art Maniac vous attend au Passage vers les Etoiles.
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Partie 1 : samedi 25 juin 15h, Mardi 28 juin 20h, Samedi 2 juillet 20h
Partie 2 : Lundi 27 juin 20h, Mercredi 29 juin 20h, Dimanche 3 juillet 15h
Article écrit par Blanche Pitzus, membre de Streams.
