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8 juin 2021

Interview Ardavan Safaee, président de Pathé Films

Après 5 ans à l’ESCP, Ardavan Safaee se lance dans le domaine de la finance chez Memento Films, puis Elzevir Films avant d’arriver chez Pathé Films en 2015. Il est successivement directeur de la production, directeur général et enfin président à partir de 2019. Pathé Films est une entreprise française de production de films, filiale du groupe Pathé, créée en 1963.

Pourriez-vous vous présenter brièvement ?

Je suis président de Pathé Films : je dirige la filiale du groupe Pathé qui s’occupe de produire, distribuer, commercialiser et exporter les films, en France et dans le monde. Notre travail consiste à choisir les films sur scénario, voire à les initier, et à les mener à bien, en poursuivant la production et en investissant. Nous passons également beaucoup de temps à négocier avec les auteurs, les réalisateurs, les producteurs, à propos de la manière dont nous allons produire le film, du budget du film, du montant que Pathé va investir. Notre métier consiste ensuite à commercialiser le film : il s’agit de gérer toute la partie marketing, créer les affiches, les bandes-annonces et autres éléments de promotion, et enfin vendre le film, c’est-à-dire le placer dans les salles de cinéma, en assurer la commercialisation en DVD et le vendre aux chaînes de télévision, ainsi qu’à des distributeurs dans le monde entier. Lorsque l’on investit dans un film, on est chargé de faire en sorte qu’il puisse être exploité tout au long de sa vie. 

Qu’est-ce qui vous a amené à faire une école de commerce et particulièrement l’ESCP ?

Quand j’étais au lycée, je voulais faire une école d’ingénieur (notamment par mimétisme avec les membres de ma famille), mais étant mauvais en physique, on m’a plutôt conseillé la prépa HEC. Il fallait être bon en maths, en histoire géo et en langues, je me débrouillais plutôt bien. J’étais à Louis Le Grand au lycée ; après une réunion avec le proviseur, j’ai eu la chance d’aller au lycée Lavoisier. Après deux ans de classe préparatoire, j’ai pu aller à l’ESCP. J’étais admissible à l’ESCP, mais pas à HEC, ni ESSEC, ni Lyon, ni Nantes, ni Lille… J’ai appris que j’étais pris à l’ESCP lorsque je faisais mes oraux de Reims. C’était un grand soulagement pour moi.

J’avoue que je ne voulais pas l’ESCP car j’ai toujours habité à Paris et je voulais réellement partir. Mais aujourd’hui je suis bien sûr très content d’avoir fait l’ESCP. J’ai fait 2 ans à Paris puis une année Erasmus en Suède (dernière année). C’est ma seule grosse expérience de campus à l’étranger. J’ai beaucoup aimé. On nous dit en prépa que le plus dur ce sont les concours, donc moi, en école, je n’ai pas énormément travaillé, et je n’étais pas dans les tops de l’ESCP. Je ne pouvais donc pas aller aux Etats-Unis par exemple. Mais aller en Suède fut très enrichissant, j’ai rencontré des étudiants de tous les horizons.

Dans quelles associations étiez-vous ?

Je suis arrivé en première année en étant intéressé par les métiers du cinéma, l’association Dolce Vista (Version Originale aujourd’hui) m’avait bien plu, et j’ai été élu président en deuxième année. On avait obtenu l’année précédente une bourse de Capgemini pour faire une sitcom. Avec mon compère de l’époque, Bill Barluet, qui est réalisateur aujourd’hui, on a acheté une caméra numérique et une perche pour le son avec cette bourse. Avec les autres membres de l’association, on a écrit les scénarios de quatre épisodes de notre sitcom School Fiction, qui était une version scepienne de Friends (le premier épisode se déroulait en prépa, le deuxième en première année d’école etc). On a fait un casting dans toute l’école pour répartir les six rôles (comme Friends, 3 garçons, 3 filles). On a tourné les épisodes, et on les a montrés en Vital Roux [amphi principal de l’ESCP]. C’est devenu un événement incroyable, on faisait des affiches une semaine avant pour annoncer les épisodes qui arrivaient, les étudiants faisaient la queue devant l’amphi, la salle était toujours pleine. C’était un événement très cool à organiser et à faire nous-mêmes, c’était le centre du boulot et du dynamisme de l’association à cette époque.

Comment vous êtes-vous orienté dans votre carrière après l’ESCP ?

J’ai toujours été passionné par les films, je suis toujours allé au cinéma régulièrement, mais il n’y avait pas cette passion dans ma famille, donc j’ai appris ça par moi même. Quand on est en école, on se demande ce qu’on veut faire, et je savais que je ne voulais pas travailler dans l’audit ou dans la finance. Les métiers de la communication et des médias m’intéressaient, et le cinéma, je me disais “pourquoi pas ?”. Le seul moyen d’en être sûr, c’est de faire des stages, et c’est là que l’ESCP est déterminante. Mon premier stage était un stage de vente au porte à porte aux Etats-Unis, je vendais des livres éducatifs. C’était une expérience assez dingue. Mais l’année suivante, je voulais me lancer dans le milieu du cinéma. Il y a peu de stages dans ce domaine, mais grâce à l’ESCP et à son grand réseau, j’ai pu trouver un premier stage chez France Télévision, puis un deuxième dans une société de production de films. Après mon Erasmus, j’ai à nouveau utilisé le réseau de l’ESCP, ainsi que mes stages précédents, pour trouver un travail dans ce domaine. Pour cela, l’ESCP est un accélérateur génial. 

Comment avez-vous alors fait pour monter les échelons et pour en arriver là où vous en êtes aujourd’hui ? Quels sont vos projets futurs ?

En sortant de l’ESCP, j’ai continué à chercher grâce à mon réseau, ça a marché notamment là où j’avais fait des stages auparavant. Mon premier objectif était d’apprendre le métier. J’ai commencé par faire ce que je connaissais le mieux, à savoir m’occuper des aspects financiers, administratifs et juridiques, grâce aux compétences générales qu’on acquiert à l’ESCP. J’ai d’abord évolué dans des petites structures (5-10 personnes), pendant une dizaine d’années. Cela m’a permis d’apprendre comment faire un film, le financer, le promouvoir, le vendre etc. C’est un métier qui s’apprend vraiment par la pratique, et on est en permanence entouré par des personnes aux profils et aux qualifications diverses. En effet, travailler dans le domaine du cinéma c’est très complet, la production de film regroupe de nombreux domaines : marketing, juridique, comptabilité, finance…

En général, sur un poste fixe, au bout de 18 mois je commence à m’ennuyer. Même si je n’ai pas acquis 100% des compétences dans un poste donné, il me faut de nouveaux challenges. J’ai donc régulièrement changé de structure. J’ai fait trois entreprises différentes en 10 ans avec l’ambition de faire mieux à chaque fois. On m’a ensuite proposé un job à la maison Pathé, c’était pas mon meilleur job mais on ne refuse pas une si grosse boîte. Pendant un an j’ai dû faire mes preuves. Le poste de directeur général au bout d’un an et demi était vacant et on me l’a proposé en février 2018. Ça fait bientôt 6 ans que je suis chez Pathé, je ne m’ennuie toujours pas. C’est challengeant, on lance toujours de nouvelles choses. On a par exemple lancé un département série, je travaille donc sur un format sur lequel je n’ai jamais travaillé avant.

Quel est votre meilleur souvenir à l’ESCP ?

La sitcom avec VO. Avoir créé cela de toute pièce, avoir fait des castings, des tournages, le montage… J’ai adoré l’engouement autour de la série. Les moments les plus sympas, c’est clairement les moments associatifs, faire aboutir un projet et en faire profiter la promo.

Avez-vous un conseil pour les admissibles et pour les scepiens ?

Pour ceux qui vont passer les oraux, je pense que vous êtes bien meilleurs que moi. Mais pour ce qui est des entretiens de personnalité, je vous conseille d’être vous-mêmes, ça se voit quand on essaie de raconter une vie qui n’est pas la nôtre, ce n’est pas grave de ne pas avoir énormément d’expériences à partager. Il s’agit simplement de trouver quelque chose d’original à mettre en avant, quelque chose qui vous distingue des autres.

Pour les étudiants actuels, je vous conseille de passer un maximum de temps entre vous, d’échanger, d’être curieux, de faire beaucoup d’expériences (scolaires et personnelles). Je vous conseille de profiter de ces quelques années pour en apprendre un maximum.

Cette interview vous est proposée par les membres du BDE de l’ESCP, dans le cadre de l’accueil des admissibles.

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