La Réac’ : Nom de la promotion 2018

Par Corentin Jaouen, Alexandre Glaser, Thomas de Réals, Tanguy Chapin et Merwane Eddahbi

Alors que l’ESCP s’apprête à faire sienne une pratique popularisée par l’ENA, c’est toute une promotion qui est conviée aux urnes. Au creux du choix, c’est l’occasion de découvrir le message qui peut bien unir plusieurs centaines d’ex-inconnus seulement rapprochés par le vécu d’une année ou de quelques mois bien particuliers. Le scrutin facebookien révèle l’hétérogénéité des positions scépiennes sur la question. Certains arpentent le chemin des valeurs et choisissent des hommes de cœur, d’autres se reconnaissent dans les pages du roman de l’école et privilégient d’anciens élèves alors que le second degré d’une référence cinématographique consensuelle remporte l’adhésion de beaucoup… Prenant l’exercice au pied de la lettre, Streams décortique sans exhaustivité mais avec ironie les propositions qui arrivent en tête.

EN DEBAT

René Coty – C’est notre rais à nous, un grand homme, il marquera l’histoire 

Les moins

1) Comme à peu près tous les présidents de la république de la IVème, il fut parfaitement inutile : son rôle était quasi-strictement honorifique, le pouvoir exécutif étant principalement détenu par le président du conseil. Pas top d’avoir pour nom de promo un mec inconséquent.

2) Anecdote : il doit son élection en 1954 à un problème de prostate…Il confia ainsi « Si je suis président de la République, c’est parce que j’ai été opéré de la prostate. Cette indisposition m’a empêché de prendre parti pour ou contre la CED (Communauté européenne de défense)». Pas très european identity

3) Il a fait tellement peu de choses que cet article est plus long que sa page Wikipédia.

Le plus 

1) « C’est notre Raïs à nous : c’est M.René Coty. Un grand homme. Il marquera l’Histoire. Il aime les Cochinchinois, les Malgaches, les Marocains, les Sénégalais… c’est donc ton ami. Ce sera ton porte-bonheur. » Rien que pour faire plaisir à Hubert, ca vaut presque le coup.

Paul Ricard – J’engage mon nom car je suis sûr de la grande qualité de ma promotion et je suis fier de son European identity unique.

Les plus

1) Le Steve Jobs français, en mieux. Certains mettent au point des PC dans leur garage à 21 ans, not bad. D’autres développent une boisson mythique à 12 ans avec un alambic de fortune. Un cran au dessus le Paulo.

2) Comme il aimait le dire lui même, « J’emmerde le maréchal Pétain et son gouvernement », sous l’occupation Paulo distillait de l’alcool pour servir de carburant aux résistants, pas du genre à voter les plein pouvoir au Maréchal n’est ce pas. #PrayForCoty

3) Pernod-Ricard, what a legacy : Une valeur du CAC40 avec un beta de 0,55 (valeur refuge), 8,6 milliards de CA et 85 marques partout dans le monde. Quoi de mieux qu’un entrepreneur visionnaire et un pionnier en matière de communication comme nom de promotion pour une école de commerce ?

Les moins

1) Effectivement, entrepreneur de génie ou pas, l’inventeur du pastaga comme premier nom utilisé pour une promo ça fait moyen sérieux, pas sûr que notre cher Franck Bournois soit très chaud.

2) « L’ESCP, une dose de business pour 5 doses d’alcool avec quelques glaçons », car un nom pareil pour une promo c’est la porte ouverte à tous les vomis « « « journalistique » » » » (avec de gros gros guillemets) de ce type : http://www.vice.com/fr/read/une-nuit-dans-une-soiree-d-integration-d-ecole-de-commerce.

3) Oui l’Amicale du Sud Ouest est une asso qui pèse énormément à l’ESCP, mais Promo Paul Ricard ça les gigue un peu trop.

Napoléon Bonaparte – Les avoir par la culture, que n’y ai-je pensé.

Les plus

1) On fait difficilement plus connu à travers le monde comme personnalité française, pas mal pour un premier essai de promotion à thème. Et ça donnera un gala de remise des diplômes un peu épique.

2) Bonaparte a œuvré davantage que beaucoup d’autres pour parvenir à une unité européenne.

3) Son style fait encore des émules: la main dans le veston et le bicorne restent instantanément reconnaissables, et on se souvient du sacre sapologique de Bokassa Premier en Centrafrique le 4 décembre 1977, soit exactement 173 ans après le sien.

Les moins

1) La construction européenne sur laquelle surfe notre école a changé de tactiques depuis des incidents comme Arcole et Austerlitz / Waterloo et Trafalgar. Il est possible que certains étudiants d’autres campus soient mal à l’aise au sein d’une promotion aussi franco-centrée, Napoléon n’étant pas populaire partout. En particulier outre-Manche. Sans parler de nos amis polonais.

2) Il était pas tout blanc non plus, avec son rétablissement de l’esclavage en 1802, ce “Prométhée moderne”. Même s’il l’a ré-aboli en 1815, ça fait 13 ans dont certains se seraient bien passés.

3) Avec son 1m69, il reste loin derrière Joris Largeron et Charles Bolloré comme plus grand homme de France.

Victor Hugo – Veni, vidi, vixi

« Un jour viendra où vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fonderez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne ». 1849. Visionnaire, quasi prophétique. Une déclaration à contre-courant du récent Printemps des peuples, automne du Vieux Continent, saison de la déraison. Plus d’un siècle avant les Pères fondateurs, Hugo prononça à la tribune du Congrès de la Paix ce discours précurseur et fédérateur, bien loin de l’ascension et du choc des nationalismes ayant alors cours.

Monument de la culture française, l’écrivain romantique constituait l’archétype de l’artiste engagé. Ses oeuvres se placèrent très souvent à rebours de la doxa conservatrice. Les Misérables, éternel hymne au paupérisme et aux plus nécessiteux. Claude Gueux, où il appose sa farouche signature abolitionniste. Quatrevingt-treize, illustration fictionnelle de son combat féministe bien réel.

Hugo n’a pas seulement joint le texte à la parole. La plume ailée et hélée, l’écrivain connut la députation, l’exil, le Panthéon. Logique pro-business mise à part, il semble difficile de trouver des éléments s’opposant à sa présence dans ce top 5. Romans, drames, poèmes et même dessins ou photographies. À l’image de notre école, Hugo a beaucoup évolué au cours du XIXème. Son premier recueil de poèmes, Odes, fut publié en 1821. L’ESCP avait alors, non pas deux siècles, mais deux années. Deux entités, chacune ayant un style à promouvoir, le monde pour se mouvoir. La nature fait bien les proses !

Jean-Baptiste Say – Say my name

Les plus

1) Parce qu’il s’agit de bon sens : qui de mieux que le fondateur de l’école pour donner son nom à la première promotion à en porter un ?
2) Parce que quand on nous demandera les raisons de notre choix lors, on aura quand même l’air moins con qu’avec Hubert Bonnisseur de la Bath ou CR7
3) Parce que Say difficile de lui trouver des défauts
Les moins
1) Parce qu’il faut l’avouer, question originalité on aurait pu mieux faire.
2) Parce qu’on prend le risque qu’il soit confondu avec son frère jumeau, Beghin Say.
Say no more mofo.