Posted in Vie de Campus
18 décembre 2017

Typologie d’une classe de PMY

Par un membre de Streams 

Cela fait maintenant quatre petits mois que tu arpentes les couloirs de l’ESCP d’un pas de plus en plus assuré et tu connais désormais suffisamment de gens pour ne pas avoir besoin de prévoir tous les jours avec qui tu déjeuneras à la cantine. Tu as noué des relations dans tes assos, tes sports, mais aussi dans ta classe. Ta classe … ce groupe d’une vingtaine de prémas qui abrite en son sein des profils divers et variés, pour le meilleur et pour le pire.

Le polard : il n’est certainement pas venu à l’ESCP pour chiller et méprise ces inconscients qui dilapident leur temps et leur argent au Quatter au lieu de réviser leur cours de Stats. Son sérieux n’ayant d’égal que sa ponctualité, il lance un regard assassin aux insolents qui osent arriver en retard en cours un lendemain d’ob et protège jalousement ses cours détaillés et parfaitement mis en page tant convoités par le passager clandestin (voir plus bas) à l’approche des partiels. Il tient à sa place au premier rang comme à la prunelle de ses yeux et souligne consciencieusement les résultats des exercices d’économie facultatifs qu’il a évidemment tous faits, avec une semaine d’avance. Il est convaincu que le coût élevé de sa scolarité s’explique par l’excellence et le caractère essentiel des cours qui y sont dispensés. Bizarrement, il a presque l’air épanoui intellectuellement, peut être grâce à l’étude de la complexité du marché des aspirateurs robots proposée par le projet Seb. N’oublions pas toutefois que le polard, fort de son score centré réduit proche de 3, échappe à la menace de l’exil sur le campus de Varsovie en M1, tant craint par le reste des étudiants.

L’absent : après avoir assisté à tous les cours la première semaine de septembre, il a décrété qu’il préférait dépenser son énergie à parcourir le couloir des assos plutôt que les salles de classe. Depuis, il vient sporadiquement en cours avec pour unique objectif de signer la feuille de présence, la plupart des élèves de sa classe connaît à peine son prénom et on en parle comme de « celui qui va aller à tous les rattrapages ». Il est le premier à avoir dépassé son quota d’absence autorisée dans toutes les matières. Malgré son acharnement à ne pas travailler, il a dû perfectionner ses talents de stratège pour négocier la justification de ses absences avec l’admin (petit tips : un certificat médical qui préconise 3 jours de repos est suffisant). Bien qu’il ait l’air un peu égaré, il est serein et résigné face à son choix assumé d’aller à tous les rattrapages.

Le multitâches : éternel indécis, il n’arrive pas à résoudre l’équation sommeil/vie sociale/niveau passable dans toutes les matières. Il doit faire face à un dilemme cornélien : choisir entre éviter les rattrapages et ainsi sauver ses deux mois de vacances d’été, le bonheur de récupérer quelques heures de sommeil pendant le cours de marketing, et guetter le dernier shotgun, sur Facebook, tout en débriefant de la soirée de la veille avec son voisin. Résultat : il traînera sur Facebook pendant tout le cours, ratera le shotgun parce qu’il a eu un sursaut de sérieux juste au mauvais moment et ne saura aucun potin parce que son voisin s’est endormi. Bien qu’il soit en école de gestion, il n’arrive clairement pas à se gérer et est à la limite du surmenage sans rien faire de concret pour autant.

Le désespéré : souvent khâgneux, il a quitté avec regret ses cours de philo de prépa pour un cours d’humanités, bullshit et management qui ne suffit pas à combler sa soif intellectuelle et ne répond en rien à ses interrogations métaphysiques. Il déprime et songe à se réorienter vers un master de Littérature de la Renaissance aux Lumières option Anthropologie de l’art. Il est cependant présent à la plupart des cours, et espère encore ressortir un jour d’une salle de classe en ayant appris quelque chose. Dans son sac on peut voir un livre, de préférence de plus de 300 pages police 12 sans image, qu’il exhibe ostensiblement dès qu’il en a l’occasion, pas question d’être confondu avec tous les incultes analphabètes qu’il côtoie à l’ESCP.

Le passager clandestin  (ou free rider pour les bilingues): après un mois et demi passé à giguer aux apéros d’asso, à se murger aux ob et à participer à tous les évènements possibles et imaginables proposés par les plus obscures assos, le passager clandestin a vu les midterms arriver bien plus vite que prévu. Pour ne rien arranger à son angoisse soudaine et grandissante face à la menace du rattrapage, se sont additionnées les échéances des multiples projets de groupe open, seb, cogest et tutti quanti. C’est là que la théorie de Mancur Olson dans la Logique de l’action collective s’exerce : le free rider se prend soudain d’intérêt pour les polards de sa classe qu’il ne calculait pas jusqu’alors dans le but de profiter de leur travail assidu sans avoir rien foutu. Il espère ardemment récupérer leurs cours de droit impeccables dont la valeur a triplé quand les étudiants ont réalisé que leur prof ne diffusait pas ses slides. Il s’apprête à prendre plein de bonnes résolutions pour ne pas être largué au S2, même s’il sait pertinemment qu’il ne les tiendra pas.

Le lendemain de soirée : c’est celui ou celle qui arrive en cours pour simplement poser ses fesses sur sa chaise et décuver en paix en attendant de signer la feuille de présence. Il peut indisposer ses voisins par une odeur corporelle désagréable : il n’a en effet pas eu le temps de se doucher, ni même de repasser chez lui. Adieu brossage de dents et déodorant, son voisin doit supporter des relents alcoolisés trois heures durant. Notre fêtard peut aussi avoir un comportement surprenant et inattendu dans le cas où il est encore ivre. Mais sinon il est plutôt inoffensif et attend gentiment que les heures passent. On lui souhaite seulement de pas avoir une présentation à faire ce jour là.

Tu te reconnais probablement dans l’un ou plusieurs de ces portraits. Attention néanmoins, ces derniers n’étant pas incompatibles, il est possible de les associer, les enrichir et les mélanger. Tu peux par exemple combiner gueule de bois (type lendemain de soirée) et intéressement (type passager clandestin) lors du même cours, et ainsi bénéficier des notes du polard du rang de devant tout en récupérant doucement des excès de la veille.

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