L’ESCP au XIXe siècle : Vie sur le campus et associations (3)

PARTIE 3 : LA VIE SUR LE CAMPUS : BATIMENTS, ASSOCIATIONS ET VIE PARISIENNE

Les associations: La toute première, l’Association Amicale des Anciens Elèves, fut créée en 1872. Voici à quoi ressemblaient les premiers présidents. En somme, plus de pilosité faciale, de testostérone et de nœuds papillons qu’aujourd’hui.

Le rôle de l’association était de publier un Annuaire, d’organiser un banquet annuel et de rédiger un Bulletin trimestriel dans lequel étaient exposées les décisions du bureau, les communications d’intérêt général, ainsi que les offres et demandes d’emplois. C’était donc l’ancêtre de… l’Intranet. Ils publiaient aussi des rapports sur les Expositions universelles.

Déjà à l’époque, les associations était au centre de la vie sociale des étudiants : « Autour d’une petite table, une réunion de quelques amis, où l’on parlait du présent et surtout du passé, de l’Ecole, de l’enseignement, des intérêts de notre Association […] Nous formions une grande famille »

Puis, l’Association Amicale des Anciens Elèves décida de monter une sous-association, sous le nom de Conférence Adolphe Blanqui, qui serait chargée d’organiser des conférences économiques. L’embryon de Tribunes était né. Leur ambition était de « Créer un centre où les jeunes gens sortant des écoles commerciales pourraient s’exercer à la parole, où les hommes faits pourraient discuter les questions tenant à leurs intérêts ou à leurs travaux, où tous pourraient développer les idées qu’ils croiraient bonnes et utiles ». Cependant, toute discussion d’un caractère politique ou religieux était formellement interdite. Voici quelques exemples de conférences qui eurent effectivement lieu :

En février avait lieu ce qui pourrait s’apparenter à nos weekends de « passation » :

« un punch est offert annuellement par les anciens aux nouveaux. La connaissance s’y fait plus intime, on y scelle en quelque sorte une union indélébile, et la réunion se clôture généralement par un speech bien senti du président des anciens ».

La vie dans le quartier de l’Ecole :

« Il alla s’installer à la terrasse d’un grand café. C’était l’heure de l’apéritif et les buveurs, envahissant les tables, semblaient venus là pour assister à la migration de tout un peuple. Sur les trottoirs, une foule noire et compacte s’agitait ».

Ce témoignage aurait pu tout aussi bien être celui d’un étudiant deux siècles plus tard.

 

La nourriture à l’Ecole : L’auteur se souvient :

« Dans la cour des élèves, la baraque de la marchande de gâteaux évoqua la puérilité du temps où ils se croyaient des hommes. Les paris venaient se trancher là : on payait d’un gâteau, d’une groseille ou d’un cassis le tort qu’on avait eu à propos d’un problème. On s’offrait, pour satisfaire d’insatiables appétits, les petits croissants chauds dans lesquels on piquait deux tablettes de chocolat ».

On apprend aussi que les élèves disposaient déjà d’un stand grillade ! : « Dans la cuisine, voyez, il y a un appareil pour faire les viandes grillées ».

 

 

La cour intérieure : La cour comportait une fontaine, et les jeunes gens s’y retrouvaient souvent pour fumer bien que cela était interdit.

« Je pense souvent à nos fumeries à l’Ecole. Te souviens-tu comme on se cachait dans l’encoignure du préau ? […] Le nuage de fumée qui planait sur nous nous trahissait assez ».

 

Clôturons ce voyage dans le passé par ces quelques mots de l’auteur :

« Ici, c’était un palais dont les hôtes étaient traités comme des princes […] Qu’on les gâte, pourvu qu’ils travaillent ! Cela les rendra exigeants, ils voudront devenir millionnaires… Quand on veut, on peut : ils seront les princes du commerce et de l’industrie »

Macroniste avant l’heure.

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